Le métro d’Alger est enfin opérationnel. Il a été ouvert à partir d’hier, 1er novembre au public après 24 heures après son inauguration officielle, la veille par le président de la République.
Ainsi, l’Algérie fait un grand saut vers la modernisation de son système de transport urbain et suburbain.
Comme il fallait s’y attendre, les algérois étaient nombreux à se rendre dans les différentes stations, pour prendre, pour la plupart d’entre eux le métro pour la première fois de leur vie.
Il est 10h 25. Le parking de la première station principale (en attendant l’extension) Hai El Badr grouillait de monde. Il fait beau et la journée coïncide avec un 1er novembre, une journée fériée. Sur place, les passagers se précipitaient vers les guichets au nombre de quatre pour s’acquitter des droits d’un voyage en aller, fixé pour rappel à 50 DA.
Les guichetiers à leur tour qui se distinguaient par leurs gilets en jaune, faisaient en sorte que l’attente des voyageurs ne soit pas longue. Au bout d’une simple opération d’à peine 30 secondes, le passager prend les escaliers menant au tunnel et également le quai. Avant d’y être, des agents d’orientation et d’accueil et comme leur fonction l’indiquent, tentent d’expliquer aux usagers la validation des tickets avant d’entamer son « premier voyage souterrain ».
« Notre présence est remarquée dans chaque point de vente de tickets. Notre rôle consiste à ce que le voyageur ne se perd pas à l’intérieur des différentes stations. Nos agents répartis sur les différents points ont également pour tâche, outre l’orientation, est celui « d’un manuel » d’usage du métro, expliquera dans ce sens, Hassaiene Layachi, agent de maitrise et d’exploitation. À l’intérieur des voitures, les voyageurs interrogés étaient unanimes. « Le métro d’Alger marque la fin d’une époque. Certes que sa réalisation a pris plus de temps que prévu mais le fait est là.
Ce qui importe le plus c’est de se permettre enfin un déplacement dans Alger sans contraintes de se faire bloquer dans ces légions de bouchons interminables », dira Abdelmalek accompagné de son épouse et de sa fille Nesrine. Un avis partagé par presque tous les passagers qui estiment qu’avec la mise en circulation, enfin du métro d’Alger, il ne serait « plus question de sortir de chez soi à 6h pour rejoindre son poste de travail à 8h sachant que la distance réelle n’est que d’une dizaine de kilomètres ».
Avant cette date je devais quitter mon domicile deux heures avant l’horaire de l’ouverture de mon bureau. Souvent, cette situation due aux embouteillages en premier lieu a failli me causer, à maintes fois, pour prétexte du retard, des ennuis avec mon employeur. À partir d’aujourd’hui les données seront toutes autres. Faire 20 minutes entre Hai El Badr et la Grande poste est chose que nous souhaitions depuis bien longtemps », s’est réjouit Kamel, agent de saisie dans une banque à Alger Centre.
FINI LE DIKTAT DES TRANSPORTEURS PRIVÉS ET DES…TAXIEURS
Les avis des algérois s’agissant de la mise en circulation du métro d’Alger son mitigés quoi que la plupart d’entre eux, soient catégoriques quant aux facilitations que pourrait apporter ce nouveau moyen de transport. Le fait le plus marquant, c’est que la plupart des passagers «sont ravis de finir avec le diktat des transporteurs privés particulièrement avec les taxieurs qui étaient jusque là, seuls à faire la pluie et le beau temps».
À propos, Azzedine, enseignant au 1er Mai a précisé qu’il « finira enfin par faire la queue à chaque fois qu’il s’agit de se rendre à son travail et attendre à ce qu’un taxieur daigne enfin dire oui de la destination à prendre ». Assise à ces côtés, Sonia, sa fiancée est du même avis. « Le métro ne pourrait qu’améliorer la face du transport dans Alger ternie depuis toujours par ces pseudos taxieurs et autres transporteurs privés », a-t-elle soutenu.
Les transporteurs privés justement, pour leur part affirment «craindre pour leur avenir et leur-gagne pain». «Il faut l’admettre, les choses ne seront plus les mêmes pour nous (transporteurs) à partir d’aujourd’hui car faudrait-il le reconnaître, notre chiffre d’affaires ne serait plus le même », s’est lamenté un propriétaire de bus rencontré au hasard dans l’une des voitures.
À 50 DA, LE MÉTRO N’EST PAS À LA PORTÉE DE TOUS
On aimerait que le prix du ticket soit réétudié car dans ce cas ce sont d’autres dépenses qui viendront s’ajouter à d’autres », a regretté Hamida, fonctionnaire à la poste d’Alger, cette dernière a estimé que le « prix est trop exagéré sachant qu’elle est contrainte de le prendre (métro) deux fois par jour». Habitant Mer et Soleil, « ses dépenses seront de 2500 DA le mois au minimum ».
CONTRAT D’EXPLOITATION DE HUIT ANS ENTRE L’EMA ET LA RATP
Non sans reconnaître que le fait de prendre le métro lui épargnera les retards, elle s’est félicitée de le voir enfin opérationnel après tant d’années d’attente. Autrement dit, en dépit de toute réserve, le métro est considéré comme étant une nécessité.
Le métro d’Alger sera géré par la Régie autonome des transports parisiens (Ratp) à la faveur d’un contrat d’exploitation d’une durée de huit ans avec l’Entreprise du métro d’Alger (EMA), a indiqué lundi à Alger, le P-DG de la Ratp, Pierre Mongin. «Notre partenariat avec l’EMA est fixé par un contrat d’exploitation d’une durée de huit ans à compter de la date de la mise en service du métro», a déclaré ce même responsable à la presse, en marge de l’inauguration du métro d’Alger, par le président de la République.
«C’est une collaboration que nous souhaitons poursuivre avec l’EMA sous n’importe quelle forme qui conviendra aux autorités algériennes», a-t-il encore dit. Affichant sa satisfaction quant aux «grandes compétences » des équipes algériennes en matière d’exploitation, Pierre Mongin a indiqué que des conducteurs et des agents ont déjà bénéficié d’une formation «approfondie».
«Nous avons commencé par former 15 moniteurs à la conduite», a précisé le PDG de la RATP, expliquant que tous ceux qui sont chargés de la conduite du métro ont passé l’examen du permis de conduire, basé sur les mêmes règles que le métro de Paris en termes d’exigences et de compétences.
Pierre Mongin a également précisé qu’il y avait des formations initiales puis techniques et des formations permanentes, le modèle étant «identique» à celui de Paris. Pour sa part, Pascal Garret, directeur général de Ratp rencontré hier au niveau de la station de Hai El Badr s’est félicité de la mise en circulation finale du métro d’Alger. «Pour nous, au sein de notre entreprise, c’est ce qu’on appelle le jour j.
Ce jour est finalement arrivé et on ne peut que se féliciter de l’exploit des deux parties, algérienne et française et les Algériens peuvent en effet se réjouir de ce nouveau moyen de transport et ils étaient nombreux à s’y rendre depuis les premières heures de la matinée puisque, moi qui étais ici (Hai El Badr) dès 4h du matin, j’ai constaté que le premier voyageur qui y est monté à 5h » a-til indiqué. Et d’ajouter : Nous avons beaucoup de personnel sur les lieux. Chacun dans son poste, on veillera à ce que les choses se déroulent bien. Rappelant le contrat de huit ans, signé entre l’EMA et la Ratp, Pascal Garret s’est dit honoré d’avoir participé et d’être acteur en tant qu’entreprise à cet événement.
Farid Houali