La nouvelle est tombée commeun couperet: Ali Tounsi a été découvert mort dans son bureau, assassiné!
Le «bouche à oreille» a fait merveille et il n’était plus question dans les discussions que de cela.
Plusieurs versions sur sa mort circulaient et chacun y allait de la sienne.
Mais ce qui les unissait tous, c’était cette peur diffuse, ce retour vers le chaos, cette reprise des hostilités ouvertes, et chacun avait un petit creux au ventre: allons-nous revivre les pires moments de la décennie noire? En plus, et en-dehors d’un communiqué officiel rapide, l’intox trouvait un terrain fertile pour nourrir toutes les appréhensions. La première chaîne qui a diffusé la nouvelle-El Jazeera- était fort sollicitée mais il n’y avait que le fil des nouvelles qui annonçait, très laconiquement, la mort du DG de la police algérienne, tué par un cadre de la police.
D’El Jazeera, les gens passaient aux chaînes nationales qui n’en ont soufflé mot, se contentant de continuer leur programme normal, comme si de rien n’était!Pourtant ce n’était pas tant la mort d’un haut responsable de l’Etat qui faisait peur, c’était surtout ce qui pouvait en découler pour un peuple qui a été tant éprouvé par les assassinats et les règlements de compte.
La mort de Boudiaf et ce qui se passa ensuite remontait à la surface et les questionnements des Algériens exprimaient tous les mêmes inquiétudes: «Que se passe-t-il au juste ? Est-ce un coup d’Etat ? Est-ce que les terroristes ont pu arriver jusqu’à Ali Tounsi dans son bureau ? Estce que nous allons revivre le calvaire des années de feu ?».
Il faut toujours revenir à la question de l’information en temps opportun que les responsables se doivent de donner aux citoyens pour éviter que les plus folles rumeurs ne circulent et la panique devant l’inconnu de se propager à travers la population.
Devant le silence frustrant des autorités, les citoyens se tournent vers toutes les sources pour comprendre et, souvent, ces sources sont faussées dès le début.
Au journal télévisé de 20 h, la nouvelle est annoncée remettant un tant soit peu les pendules à l’heure et tranquillisant les citoyens qui se sont écriés ensemble : «Nous sommes fatigués des tueries et de l’insécurité, de grâce, laissez-nous vivre en paix !».