Les cimetières à Oran dont celui de Aïn El Beïda sont de plus en plus exposés aux actes de vandalisme.
Certains se sont même transformés en refuges pour dealers ou… amoureux en quête d’endroits «tranquilles» pour se rencontrer. Plus grave parfois, des tombes font l’objet d’actes récurrents de profanation.
Alors que le cimetière est censé être un lieu de repos éternel où doivent reposer en paix ceux qui nous ont quittés pour l’éternité, sauf que de nos jours, ce lieu sacré s’est transformé en un espace public ordinaire où l’on se permet tout, à savoir le commerce, le commérage et les pratiques délictuelles perverses dont le vol et la consommation de l’alcool.
Cette réalité amère est constatée dans les différents cimetières existant à Oran, notamment ceux d’Aïn El Beïda, El Melh dans le quartier Emir Abdelkader et Moul El Douma dans le quartier des Planteurs.
Concernant celui de Sidi El Houari, nous avons surtout relevé qu’il s’était transformé en lieux servant aux agressions, vols et bagarres. Il y a quelques années, un individu a mis le feu dans le cimetière Moul El Douma, ce qui a causé d’énormes dégâts.
Vendredi dernier, nous nous sommes rendus au cimetière d’Aïn El Beïda et quelle n’a été notre surprise, en constatant que ce lieu était devenu la destination idéale pour de nombreuses femmes, à la recherche d’une future belle-fille, mais aussi un espace pour «vider son sac», expression populaire signifiant se débarrasser de ses soucis et problèmes ou bien pour s’adonner à l’indécent exercice de médisance des voisins.
Et ce n’est pas tout, les cimetières, de nos jours, n’échappent pas au commerce informel ou bien aux actes lucratifs, puisque tout se fait à ce niveau, à savoir la mendicité, vente de fleurs et de dattes, sans oublier celle des herbes ou recettes dites de traitement médicinal et même la récitation du Coran.
En effet, ils sont nombreux à utiliser le cimetière comme endroit privilégié pour profiter de la détresse d’autrui et se remplir les proches, surtout les vendredis et pendant les fêtes religieuses comme l’Aïd El-Fitr et Aïd El-Adha. A commencer par ceux qui viennent ici pour réciter les versets du Saint Coran contre de l’argent et sans que personne ne leur demande de le faire.
Présents également, ceux et celles qui font de la mendicité une profession lucrative. Ces gens ont un emploi du temps bien programmé. Les mendiantes, accompagnées de deux à cinq enfants, s’installent le matin à l’extérieur du cimetière, au bord de la route et le soir, elles s’installent à l’intérieur.
Elles reçoivent de la part des visiteurs qui viennent se recueillir sur les tombes de leurs proches, de l’argent, du pain, des sachets de lait et des dattes. Chaque enfant agit individuellement pour bénéficier de l’aumône. Sur un autre registre, plusieurs parties de ces lieux de repos éternel de nos morts sont devenus des dépotoirs à ciel ouvert.
Les superficies à l’intérieur sont complètement dévorées par les mauvaises herbes qui ont poussé de partout attirant le maximum de détritus formés par un nombre incalculable de déchets faits de sacs en plastique, de cartons, des papiers et toutes sortes de saletés qui sont jetées pêle-mêle par les milliers de visiteurs venus se recueillir sur les tombes de leurs morts.
Mais le plus grave dans cette situation, vient sans doute des actes de profanation préméditée à des fins de charlatanisme, surtout la sorcellerie. En effet, ce type de profanateurs de cimetières continue à faire montre de barbarie en portant atteinte aux tombes. Ouvrir des tombes, les souiller, porter atteinte à la dignité des morts est une conduite des plus ignominieuses.
De l’avis de plusieurs observateurs, quand l’acte répréhensible de profanation des sépultures ne relève pas d’un pur vandalisme, il s’agit de personnes aux moeurs macabres qui se servent des squelettes des morts pour des motifs de sorcellerie. Ces personnes y ont recours dans le but d’enterrer un quelconque talisman. Même les tombes des saints et des marabouts n’ont pas été épargnées par la destruction.
Il faut savoir que le sacrilège des tombes est puni par le code pénal. Sur le délit de profanation de sépulture et d’atteinte à la mémoire des morts, le code pénal se montre intransigeant. Dans ce sens, l’article 60 du code pénal 09/23 décembre 2006, portant pénalisation de tout acte de profanation de sépultures des martyrs, punit de cinq à 10 ans d’emprisonnement assorti d’une amende allant de 20.000 à 100.000 Da, tout profanateur de tombes.
L’article énonce que toute personne accusée de profanation de tombeaux ordinaires encourt une peine de 6 mois à une année d’emprisonnement assortie d’une amende d’un à deux millions de centimes. Ainsi et devant un constat à la fois regrettable et alarmant, les autorités locales doivent intervenir pour nettoyer nos cimetières des individus qui s’adonnent à ce type de pratiques honteuses et ignominieuses.
R. Amine