Le rassemblement de centaines de chômeurs dans la matinée du jeudi a fini par faire réagir le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. Ce dernier a toutefois refusé de recevoir les représentants du mouvement en tant que tels mais a accepté de recevoir les membres du comité en tant que citoyens deux heures durant.
Après insistance et au terme d’un impressionnant rassemblement des chômeurs devant le ministère, les représentants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs ont fini par être reçus par le ministre du Travail, Tayeb Louh. Il sied de préciser que le rassemblement était pacifique et très organisé et n’a pas nécessité l’intervention des forces de l’ordre, omniprésentes sur les lieux.
A l’issue de la rencontre, on a appris par l’un des membres du comité que «le ministre a tenté une manœuvre visant à dénaturer la démarche du comité en voulant leur imposer d’être reçus en tant que citoyens et non en leur qualité de membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs».
Cette proposition a suscité le mécontentement des membres de la délégation qui ont exprimé leur refus. Samir Larabi, l’un des porte-parole de l’organisation et membre du comité, a indiqué que «la teneur des discussions a pris une autre tournure et s’est orientée vers la question du chômage en Algérie, la précarité et la distribution des postes d’emploi», précisant que «les malversations dans le domaine ont également été évoqués».
Comme pour rappeler à l’ordre le ministre, le porte- parole a indiqué que «des cas précis de dépassements ont été exposés au premier responsable du département du Travail par les participants à cette rencontre qui ont souligné que certaines entreprises ne respectent pas la législation en matière de recrutement».
Devant l’exposition de ces cas, on ne peut être plus précis. Le ministre a tenté de rassurer les participants en leur promettant de «diligenter des enquêtes au sein de bon nombre d’entreprises». «Le ministre veut gagner du temps car il est clair qu’il n’a pas besoin du comité pour prendre connaissance des dépassements auxquels s’adonnent les entreprises»,
lancent des chômeurs qui ajoutent que «le ministre devrait prendre contact avec les inspections du travail pour se faire une idée plus précise sur les dépassements des responsables au sein des entreprises publiques et privées en matière de recrutement mais également en matière de respect de la réglementationu.
Les participants à la rencontre ont également fait état ude l’intention du ministre d’envoyer une missive au ministère de l’Energie pour connaître les raisons des transgressions dont se seraient rendues coupables des entreprises notamment celles du sud où activent une multitude de sociétés».
Au sein des chômeurs réunis, bon nombre d’entre eux n’ont pas raté l’occasion de citer «les retombées néfastes de l’application des CDD (contrat à durée déterminée) et des CDI (contrat à durée indéterminée)», relevant que «ce processus a ouvert la voie à des pratiques de chantage de la part des tenants du pouvoir de recrutement qui, pour la plupart, en tirent profit en exigeant des contreparties aux demandeurs d’emploi qui,
devant le besoin, versent ce qu’on appelle communément la tchipa (pot-de-vin)». L’insatisfaction se lisait sur le visage de Tahar Belabès, membre du comité et porte-parole du comité. Ce dernier a indiqué que «les responsables se rejettent la balle», précisant que «le ministre a montré du doigt le wali qui possède les prérogatives
sur la question de l’emploi et même chose pour le wali qui renvoie la responsabilité au ministère». Il est à rappeler que sur la question de l’emploi, bon nombre de wilayas font face à une colère grandissante de la part des chômeurs dont certains observent des sit-in depuis plus d’un mois, à l’instar de ceux de Hassi Messaoud et de bien d’autres régions d’Algérie.
Par D. Mentouri