«Réviser le passé n’est guère un exercice facile car la mémoire, les passions et les frustrations sont encore vivaces, mais il faut regarder dans le rétroviseur pour éviter à l’avenir ces accidents stupides dus à l’absence de vigilance. »
Salah Mouhoubi, docteur d’état en sciences économiques et en sciences politiques, assène un constat sur la base d’une réflexion sur le processus de développement de l’Algérie entamé au lendemain du recouvrement de notre indépendance. Il analyse les fondements sur lesquels reposaient les choix des décideurs de l’époque qu’il résume dans l’affirmation quasi exaltée d’un sentiment national légitime, une ambition et une idéologie, en l’occurrence le socialisme, autour du fameux triptyque de la révolution industrielle, agraire et culturelle, « adapté » aux réalités du pays.
Dans cette vision, il y avait, selon ses propos, une alchimie qui portait en elle toutes les prémices de la réussite qui n’a pourtant pas donné les résultats escomptés. L’auteur donne des explications, des arguments fondés sur un refus de regarder les choses en face, un entêtement à s’accrocher à des dogmatismes qui balisent les raisons de l’échec.
Les Algériens, écrit-il, ont fait une lecture erronée des analyses de Destanne de Bernis, économiste et théoricien du développement. En bref, l’héritage était fragile, vulnérable. Il s’était dilué à vue d’œil à partir des années 80, mais ses méthodes et certains réflexes perdurent. Les choix de l’Algérie s’adossaient à une détermination politique qui n’a pas fait l’économie d’une démarche qui s’effectuait crescendo à la hussarde, sans pause ni correctifs et critiques. C’est donc par rapport à ce consensus imposé que s’amorça ce long cheminement. L’auteur s’interroge sur la nature de ces maux qui prennent les contours d’un legs difficile à expurger. L’Algérie souffre des lacunes du passé toujours présent, selon sa formule. Il faut, pour un pays qui aspire à l’émergence, une ambition.
M. Bouraïb