Les Chinois auraient proposé des armes à Kadhafi

Les Chinois auraient proposé des armes à Kadhafi

Des sociétés chinoises auraient proposé au régime de Kadhafi d’acheter d’importantes quantités d’armes, et ce au mois de juillet, alors que la Libye était depuis longtemps sous le coup d’un embargo de l’ONU.

Décidément, le dossier libyen est pour les dirigeants chinois un casse-tête dont ils n’arrivent pas à se sortir. Ils restent partagés entre la peur de voir leurs intérêts compromis et leur répugnance à reconnaître des rebelles ayant fait tomber un autocrate «ami». Les dernières informations sur de présumées ventes d’armes chinoises à un Kadhafi aux abois ajoutent encore au terrible embarras de Pékin.



Selon les révélations du quotidien canadien Globe and Mail, les Chinois auraient proposé au régime de Kadhafi d’acheter d’importantes quantités d’armes, et ce au mois de juillet, alors que la Libye était depuis longtemps sous le coup d’un embargo de l’ONU pour de telles transactions. Des sociétés d’État chinoises auraient offert pour un montant total de 200 millions de dollars un joli catalogue, avec lance-roquettes, missiles antichars ou missiles sol-air portables, information peu plaisante pour les aviateurs de l’Otan. À des fins de discrétion, elles auraient aussi suggéré que cet arsenal soit livré via l’Algérie et l’Afrique du Sud. Ces armes n’auraient cependant pas été livrées. Le journal s’appuie notamment sur un mémo rédigé par des responsables de la sécurité libyenne relatant un voyage effectué en Chine le 16 juillet.

Relations délicates

Pékin n’a pas nié lundi de tels contacts, mais assuré que la démarche venait des Libyens et que la Chine n’avait pas donné suite. «En juillet, le gouvernement de Kadhafi a envoyé quelqu’un en Chine à l’insu du gouvernement chinois pour prendre contact avec des membres de sociétés intéressées», a reconnu Jiang Yu, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, mais elles «n’ont pas signé de contrat commercial et n’ont pas exporté d’équipements militaires en Libye, de manière directe ou indirecte». Pékin a laissé entendre que les sociétés incriminées feraient l’objet d’enquêtes. Il s’agirait de China North Industries Corp. (Norinco), China National Precision Machinery Import & Export Corp. (CPMIC) et China XinXing Import & Export Corp. Quelle que soit l’implication du pouvoir chinois dans ces sulfureux contacts, ces révélations ne peuvent que compliquer des relations déjà délicates entre Pékin et les rebelles libyens. Elles s’ajoutent à un sérieux froid au sujet du déblocage des avoirs de l’ancien régime.

Le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a déploré ce week-end que la Chine fasse «obstacle à la mise à disposition des avoirs libyens gelés», demandant des explications sur cette «attitude inattendue». Pékin s’est en effet démarqué de la position adoptée par une soixantaine de pays et organisations réunis la semaine dernière à Paris, alors même que la Chine venait de demander aux nouveaux maîtres de Tripoli de «garantir ses intérêts en Libye».

Quelque 35.000 Chinois travaillaient dans le pays sur une cinquantaine de projets – essentiellement dans le secteur pétrolier, les chemins de fer et les télécommunications – avec près de 20 milliards de dollars de contrats.

Pékin, qui a admis le «rôle important» du CNT, ne l’a toujours pas officiellement reconnu. Les observateurs se demandent si la prudence chinoise s’explique par des incertitudes sur sa victoire définitive ou par un rejet plus instinctif du «printemps arabe».