Plus de 400 femmes ont été victimes de violences durant les onze premiers mois de l’année en cours, selon un récent décompte communiqué par le mouvement associatif. 250 femmes ont été victimes de violences physiques et 150 de violences psychologiques au courant de cette année.
Ces chiffres restent cependant loin de la réalité du terrain, puisque des centaines de cas choisissent de se taire à jamais de peur de représailles ou de scandale. Dans une société où battre sa femme ou sa sœur est presque un droit pour l’homme, rares sont les femmes qui osent dénoncer leurs agresseurs.
Les femmes mariées et divorcées sont plus exposées à la violence. Le mari est le premier accusé, alors que les 23% des célibataires sont battues par leurs pères, frères ou un autre proche de la famille.
Les violences psychologiques constituent 86% des cas, suivies des agressions physiques avec 68% et des cas socioéconomiques avec 56%. La violence touche toutes les catégories socioprofessionnelles, de la femme au foyer aux femmes médecins, enseignantes, y compris les mineures. L’autre phénomène constaté à travers le territoire de la wilaya est la progression du nombre des mères célibataires. L’année passée, leur nombre était de 3.000.
En 2010, plus de 19.000 femmes ont été victimes de violences commises le plus souvent par leurs maris ou leurs proches. Près de 1.000 femmes, tous âges confondus, avaient été accueillies par les services concernés (Samu social, DAS, centres d’écoute, Dar Er Rahma…).
En 2009 le service de la médecine légale du centre hospitalo-universitaire d’Oran avait recensé 621 femmes victimes de violence, dont la majorité (80%) était d’ordre conjugal. Les spécialistes constatent, par ailleurs, une progression des tentatives de suicide des femmes ces dernières années à Oran. La majorité des candidats au suicide est recrutée parmi la gente féminine, précise-t-on de mêmes sources.
Les causes de l’explosion du nombre des tentatives de suicide sont multiples : le chômage, les difficultés matérielles et professionnelles ainsi que les problèmes relationnels et affectifs. Une récente enquête menée par le CRASC sur un échantillon de 400 patients accueillis au service des urgences médicochirurgicales (UMC) de l’hôpital d’Oran avait révélé que 17,3% des femmes justifient leurs actes par «les difficultés de la vie, combinées à la tristesse et au désespoir» contre seulement 12% des hommes.
Environ 10.000 personnes tentent de se suicider chaque année en Algérie, dont un millier environ d’entre elles réussissent leurs actes. Il est à rappeler que le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef), avec la collaboration du Fonds des Nations unies pour le développement des femmes (Unifem), a mis en place un réseau de 18 centres d’écoute sur les violences contre les femmes à travers le territoire national. Ce réseau, dénommé «Balsam», a rassemblé tous les cas de violence à l’égard des femmes recensés entre 2009 et 2010, les a analysés et émis des recommandations pour une meilleure prise en charge des victimes et une plus large sensibilisation sur le phénomène.
A. Saïd