Les chefs du renseignement du Sahel à Alger

Les chefs du renseignement du Sahel à Alger
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Après les chefs d’état-major, ce sont les pa trons des services de renseignement de pays de la zone sahélienne qui doivent se réunir aujourd’hui à Alger, avec au menu le renforcement de la lutte antiterroriste, et plus spécialement contre les groupes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Aucune confirmation n’a été donnée la veille à Alger sur cette réunion, qui doit avoir comme objectif l’échange et l’unification des moyens de renseignement en matière de lutte contre le terrorisme.

La capitale du Hoggar, Tamanrasset, avait abrité dimanche un conclave des chefs d’état-major d’Algérie, du Niger, du Mali et de la Mauritanie autour des accords conclus entre ces pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le banditisme et le trafic de drogue dans la région.

Mais, plus que le banditisme ou le trafic de drogue, c’est la menace des groupes d’Aqmi qui reste le grand sujet de préoccupation de ces pays, confrontés depuis l’été dernier à une vague de kidnappings d’Européens qui suscite beaucoup d’interrogations sur la capacité de ces pays à lutter efficacement contre le terrorisme.

Après l’assassinat de l’otage français Michel Germaneau en juillet dernier, Aqmi avait libéré contre une rançon de 8 millions de dollars deux humanitaires espagnols mi-septembre, alors que l’armée mauritanienne s’est fait étriller près de la frontière avec le Mali par des groupes d’Aqmi surarmés.

Et, quelques jours seulement après ces escarmouches dans le désert sahélien, loin des capitales européennes, sept travailleurs d’Areva, un groupe industriel français spécialisé dans le nucléaire civil, sont enlevés par Aqmi au Niger, dont cinq Français. Suffisant pour nourrir les pires inquiétudes quant à la capacité des pays sahéliens à assurer la sécurité des ressortissants étrangers opérant sur leur sol.

La France, dans un excès de panique, rappelle tous ses ressortissants au Niger, et lance des signaux clairs aux ravisseurs quant à sa disponibilité de négocier, quitte à payer une rançon pour la libération des otages. Mauvais reflexe. Au sein des militaires des pays de la région, notamment à Alger, cette manière de faire de la France et des pays occidentaux est contreproductive en matière de lutte contre le terrorisme.

Pis, c’est un appel aux enlèvements. C’est dans ce contexte que les chefs d’état-major des pays du Sahel se sont réunis dimanche à Tamanrasset pour coordonner leurs efforts et unifier leur stratégie dans la lutte contre les groupes d’Aqmi qui écument toute la bande sahélo-sahélienne. Et c’est également dans ce sillage que s’inscrit la réunion d’aujourd’hui à Alger des chefs du renseignement d’Algérie, du Mali, de Mauritanie et du Niger. C’est-à-dire les quatre pays où évoluent les groupes d’Aqmi.

Selon une source diplomatique à Bamako, cette réunion des chefs des services de renseignement de ces quatre pays doit mettre en place un centre commun de renseignement en matière de lutte contre le terrorisme. « Les responsables des services de renseignement (du Mali, du Niger, de Mauritanie et d’Algérie) se rencontrent mercredi à Alger pour mettre en place un centre conjoint de renseignement, pour lutter efficacement contre le terrorisme dans le Sahel », a précisé la même source à l’AFP.

A la réunion de dimanche dernier des chefs d’état-major de ces quatre pays dans le Sud algérien, « il y a eu des divergences et des points d’accord. Nous sommes tous d’accord qu’il faut lutter contre le terrorisme.

Maintenant nous devons nous entendre au millimètre près sur le comment », estime à Bamako un des responsables des pays ayant participé à la rencontre. Cette réunion devrait être le prélude, selon certains observateurs, à une autre stratégie de lutte des pays sahélo-sahéliens contre les groupes terroristes qui vampirisent cette région, et, d’une certaine manière, une réponse plus académique aux actions désespérées et sans grands résultats, qui ont pris des allures d’insupportable ingérence, de militaires européens sur le sol africain.

L’épisode de l’intervention de troupes françaises en Mauritanie en juillet dernier est un événement contrariant qui ne devrait plus se reproduire, selon des militaires ayant participé à la réunion de Tamanrasset.