Les chefs d’état-major des armées des «5+5» à Nouakchott: Branle-bas de combat au maghreb

Les chefs d’état-major des armées des «5+5» à Nouakchott: Branle-bas de combat au maghreb

Le dossier inquiétant de la circulation des armes, notamment de guerre, dans les pays du Sahel et au Maghreb a été au centre d’une rencontre hier mardi à Nouakchott de responsables militaires du groupe des  »5+5 », qui comprend les cinq pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie, la Libye étant absente de cette réunion) et cinq pays de la rive nord de la Méditerranée (France, Italie, Malte, Espagne et Portugal).

Cette rencontre coïncide en fait avec les informations de plus en plus insistantes sur la circulation d’armes de guerre dans la région et au delà au Sahel.

Les événements de Libye ont puissamment participé à la libre circulation dans plusieurs pays de la région, notamment en Tunisie, d’armes de guerre et de munitions prises dans les arsenaux libyens où les insurgés n’ont pas totalement pris le contrôle du pays. Cette rencontre d’une journée « a pour but de permettre aux participants de se concerter sur les différents aspects de la sécurité dans la région » du Sahel, indique l’Agence mauritanienne d’information (AMI).

La réunion rassemble les responsables des armées de neuf des dix pays de ce groupe: Algérie, Maroc, Mauritanie, Tunisie, qui sont membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal. Les effets d’un regain d’activités dans la région des groupes d’Aqmi, qui aurait profité du désordre en Libye pour se réarmer et acquérir des armes de guerre lourdes, sont en fait au centre de cette rencontre des responsables militaires du groupe des  »5+5 ».  »

La coordination qui s’impose entre leurs pays pour y faire face » a été également discutée au cours de cette rencontre, pour faire part de leurs inquiétudes à la suite des événements de Libye qui ont été marqués par la prolifération d’armes de guerre, qui menacent directement la stabilité et la sécurité dans la région, selon des observateurs, qui précisent que des éléments armés fuyant la Libye constituent également des sources de préoccupations pour les pays du Sahel, notamment le Mali et le Niger, et jusqu’au Tchad.

D’autant que des armes lourdes ont été distribuées par les pays européens qui soutiennent la rébellion libyenne, et qui se trouveraient aujourd’hui entre les mains de groupes armés. La récente attaque au RPG de l’aéroport de Jijel et le groupe armé démantelé en Tunisie, près des frontières algériennes, constituent par ailleurs un réel motif d’inquiétude pour l’Algérie, qui a déjà mis en place des systèmes de sécurisation de ses frontières avec la Tunisie et la Libye.

Alger a donc renforcé considérablement son dispositif de sécurité le long de la frontière libyenne, de peur d’infiltrations d’éléments armés ou d’armes. Et, surtout, que les groupes d’Aqmi puissent exploiter la crise en Libye pour s’équiper en armes de guerre pour mener des attaques sur le sol algérien.

Le ministre de l’Intérieur Daho ould Kablia avait indiqué au printemps dernier que l’Algérie « fait tout pour sécuriser ses frontières avec les pays voisins ». « Des moyens humains et matériels importants ont été déployés pour renforcer la sécurité sur nos frontières et interdire toute intrusion », a-t-il souligné, avant d’affirmer que « ce qui se passe ailleurs nécessite également une coordination plus poussée avec les pays concernés (Mali, Niger, Mauritanie) ».

En clair, l’Algérie a mené au cours de ces derniers mois, après la crise libyenne et les événements de Tunisie, une nouvelle configuration du système de surveillance de ses frontières, autant pour éviter toute porosité que pour lutter contre des infiltrations de groupuscules armés, d’armes de guerre et les transits de personnes. La rencontre de Nouakchott des  »5+5 » procède de cette logique.

Yazid Alilat