Les chefs de la diplomatie maghrébine au chevet de la sécurité, L’Algérie sur la défensive

Les chefs de la diplomatie maghrébine au chevet de la sécurité, L’Algérie sur la défensive
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Comme il fallait s’y attendre, la réunion des chefs de la diplomatie maghrébine autour du thème de la sécurité aura permis de vérifier l’affaiblissement de l’Algérie et le repli de sa diplomatie devant l’enthousiasme et l’agressivité de ses voisins tous fruits des “révoltes printanières”.

Il ne fallait pas attendre trop longtemps, après l’ouverture des travaux, pour recevoir la première salve de la part du chef de la diplomatie libyenne, qui a remis sur le tapis l’exigence des nouvelles autorités libyennes de voir “les criminels réfugiés dans les autres pays du Maghreb” extradés vers la Libye. Une entrée en matière qui en dit long sur les prétentions d’Achour Benkhayal, qui n’a pas manqué de saluer la décision du gouvernement tunisien pour avoir délivré l’ex-Premier ministre libyen.

Mais le chef de la diplomatie libyenne ne soufflera mot sur la sécurité au niveau des frontières de son pays, pas moins des armes qui ont été dérobées et qui sont tombées entre les mains des groupes terroristes, encore moins sur la situation sécuritaire interne de la Libye.

De son côté, le chef de la diplomatie marocaine n’a pas manqué de remettre sur le tapis la revendication de son pays d’être associée aux travaux des “pays du champ” concernant la situation au Mali. Saâd Eddine Othmani a estimé qu’il ne fallait pas dissocier le dossier du Sahel de celui du Maghreb. Une sorte de désaveu de la démarche algérienne qui consiste à persévérer dans l’action commune initiée avec les pays du champ.

À ces attaques, le chef de la diplomatie algérienne ne répondra pas, préférant lire un discours plat où il est surtout question de rappeler les positions de l’Algérie au sujet de la coopération en matière de lutte antiterroriste.

Mourad Medelci estimera que la circulation des armes et le développement des réseaux criminels ont aggravé la situation sécuritaire dans la région du Maghreb, insistant sur le lien étroit entre les réseaux criminels et les groupes terroristes.

“Il existe un lien direct entre les groupes terroristes et les réseaux criminels, tout comme on ne peut faire l’impasse sur le phénomène du blanchiment d’argent qui a pris de l’ampleur dans notre région et qui constitue, d’une manière ou d’une autre, un soutien au terrorisme et au crime dans la région.” Il concédera que la situation au nord du Mali devrait être prise en compte, parce qu’elle se répercute directement sur les pays du Maghreb.

À ce titre, il invitera ses homologues maghrébins à prendre part au deuxième congrès sur la sécurité et le développement qui devrait se tenir à Niamey, au Niger, dans les prochains mois.

Pour Mourad Medelci, “il ne peut y avoir de sécurité sans développement, tout comme il ne peut y avoir de développement sans sécurité”.

L’Algérie, qui a pris l’initiative d’organiser cette rencontre, propose la tenue de réunions ministérielles annuelles consacrées au sujet de la sécurité dans la région.

De son côté, le chef de la diplomatie tunisienne a estimé que “ce qui se passe au nord du Mali est une tentative d’afghanisation de la région”, martelant que les groupes terroristes veulent profiter de l’instabilité des pays ayant connu des “printemps”.

Il plaidera pour le tarissement des trois sources du terrorisme, à savoir les armes, l’argent et les moyens de communication.

Les travaux s’étant poursuivis à huis clos, l’on ne saura pas davantage sur les intentions affichées ou réelles des uns et des autres quant à la lutte effective contre le terrorisme, le trafic de drogue et le crime organisé.

À quelques mois de la tenue du sommet de l’UMA, la réunion d’Alger donne un avant-goût des difficultés réelles à dépasser les mésententes entre des pays qui jurent tous, pourtant, qu’ils veulent la relance, au plus vite de cet ensemble régional.

A B