Ils ne savent plus comment se faire remarquer tout en ne s’exposant pas trop sait-on jamais ! Pour éviter de plonger dans la poudrière politique où tout peut sauter à tout moment, les acteurs les plus prétentieux de réfugient dans les annonces mirifiques en matière économique. Et chacun y va de son couplet magique.
Le ministre de l’Industrie, qui n’arrive même pas à convaincre des cadres en nombre et en qualité suffisante pour constituer son cabinet, vient de faire le buz avec sa découverte d’eau chaude : lors d’un entretien avec le journal Jeune Afrique, il dévoile un pan de sa stratégie : » réindustrialiser » le pays ; mais a-t-il été déjà industrialisé ? Lui a répondu un twitter !
Pour ce faire, il suggère une politique de » substitutions aux importations » par » des exportations « . En d’autres termes : produire d’avantage ! Comment procéder ? C’est si simple : passer de » 600 000 à 1 600 000 PME-PMI « , c’est à dire la norme des pays émergents en la matière. Voilà ! C’est dit c’est fait.
Cela se fera grâce à des » mesures incitatives « . » Nous devons pousser les Algériens à créer des entreprises, à développer une culture entrepreneuriale » a-t-il martelé. Autant de slogans trouvés dans les revues de presse de tous ses prédécesseurs.
Les internautes se sont chargés d’apporter à ces poncifs la seule question qu’ils méritent : pourquoi on n’y a pas pensé auparavant ?
Mr Sellal, quant à lui, nous propose carrément une » sortie du pétrole » grâce aux » nanotechnologies » Comment y parvenir quand notre système éducatif est l’un des derniers de la planète ? Mystère !
Le Gouverneur de la Banque Centrale opte, pour sa part, pour une série de régulation des flux strictement monétaires faisant l’impasse sur le bas niveau des salaires et la forte concentration des revenus. Pour régler un problème, il faut le dévier.
Pourtant, tous n’ignorent pas que ces perspectives ont déjà fait l’objet d’orientations impératives de la part des pouvoirs publics et savent que la croissance rechigne à se mettre en route par injonction.
C’est que les surplus financiers dégagés par l’économie algérienne se destinent davantage à l’entretien du système (Sellal en donne une éclatante vérification à longueur de semaine depuis septembre) qu’au développement.
Les autorités vont se complaire dans l’arrosage financier pour gérer les déficiences ; ce qui est la source de l’instabilité chronique.
Comme pour conjurer le sort et devant tant de contre-performances, il a été avancé que l’Algérie se serait hissée au rang » d’exportateur de stabilité « . Les propos sont du ministre des Affaires Etrangères qui a vite appris la vulgate soporifique des apparatchiks.
Au vu des émeutes quotidiennes qui marquent nos villes et nos campagnes, à suivre le drame qui s’abcède au Mzab, on peut en douter de la portée de la formule de notre diplomate en chef. Par contre il y a une chose que nous avons bel et bien exporté, c’est l’intégrisme islamiste: à l’est, à l’ouest au sud…et même au nord. Les Merah et autres Khelkhal ont beau être de nationalité française, ils ont été inspirés et contaminés aussi par les « exploits de leurs frères algériens » pendant les années 90.
Slimane Yacef