Les entreprises dans la région du Sud-Ouest sont confrontées au manque de main-d’œuvre notamment dans les « petits métiers ».
Les sociétés du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique peinent à trouver maçons, coffreurs ou ferrailleurs. C’est ce qu’on a constaté à Béchar.
Une société étrangère installée à Béni Ounif a cherché désespérément des ouvriers pendant plusieurs mois malgré les avantages qu’elle offre. « Le salaire est de 40.000 DA par mois pour un manœuvre qui travaille six semaines et bénéficie d’un repos de trois semaines avec une prise en charge totale : hébergement, restauration et habillement, mais les jeunes chômeurs ont estimé que c’est peu », a indiqué un chef de chantier.
De même pour le recrutement de 60 jeunes dans différentes spécialités pour le projet de nappe de gaz à Oued Nemmous. Le problème a été réglé suite à l’intervention du directeur de l’Agence nationale de l’emploi (Anem) et du chef de daïra. « Les jeunes peu qualifiés refusent souvent de travailler dans les secteurs qu’ils jugent pénibles. Ils s’orientent généralement vers les métiers faciles comme chauffeur ou agent de sécurité, de préférence de nuit », a précisé un notable de Béchar.
L’instruction du Premier ministre a été bénéfique
Au siège de l’Anem de Béchar, des jeunes demandeurs d’emploi consultent les offres affichées sur un grand tableau à l’entrée. Un cadre de l’agence est chargé de les orienter. Oussama, 24 ans, fraîchement diplômé du centre de formation professionnelle, est à la recherche d’un travail comme agent de sécurité dans une société publique.
« Je ne veux pas travailler dans une société de gardiennage, ils sont injustes », lance-t-il au cadre. Il a justifié le rejet des offres d’emploi dans les chantiers par les conditions difficiles. « Je suis jeune et je ne veux pas nuire à ma santé dans les chantiers. » Un autre jeune, Sofiane, accompagné de sa mère, est venu s’enquérir de sa demande déposée depuis quelques jours. L’agent a tenté de convaincre la mère pour le persuader de travailler dans un chantier.
« Non, je veux qu’il soit recruté comme agent de sécurité », a-t-elle insisté avant de chuchoter à l’oreille de l’agent : « si c’est possible la nuit pour qu’il puisse trouver un travail durant la journée, c’est mon aîné et son père ne travaille pas ». Réponse de l’agent : « Mais Madame, si c’est le cas, il devra dormir la nuit pour pouvoir travailler la journée. » Afin de faire face à ce genre de situation, la direction de l’Anem de Béchar a mis en place une cellule d’écoute pour les jeunes demandeurs d’emploi destinée à mieux les orienter et surtout les sensibiliser.
« Notre tâche porte principalement sur la sensibilisation des jeunes demandeurs d’emploi sur les différents mécanismes lancés par l’Etat en leur faveur, notamment la priorité au recrutement local », a précisé le directeur de l’Anem de la wilaya de Béchar, Mohamed Daho, dans un entretien à Horizons.
Ceci sur instruction du Premier ministre et qui précise que les besoins en main-d’œuvre des entreprises implantées dans le Sud, y compris celles dont les sièges sociaux se trouvent hors de la région, « doivent être satisfaits en priorité, et notamment pour la main-d’œuvre qui n’est pas hautement qualifiée, par le recrutement de jeunes de la région ».
Une méthode qui a porté ses fruits, selon le même responsable. En chiffres, 3.800 jeunes ont été placés durant les cinq premiers mois de l’année en cours alors qu’2014, seulement 2.200 jeunes ont été recrutés.
« C’est un nombre record », a-t-il signalé. Le recrutement d’une main-d’œuvre hors wilaya n’est autorisé que pour les postes n’ayant pas de profil correspondant local. Les jeunes promoteurs et les chômeurs établis des wilayas du Sud bénéficient aussi de prêts bancaires sans intérêts pour créer leur s propres entreprises microentreprises.
« Durant le premier trimestre, nous avons enregistré 4.388 demandes contre 1.137 offres disponibles », a indiqué Daho, signalant que l’instruction de Sellal a été très bénéfique pour les jeunes de la région, notamment les handicapés.
Parmi les difficultés rencontrées sur le terrain, le responsable a cité le manque de main-d’œuvre qualifiée. « Le secteur privé est boudé par les jeunes. Alors qu’ils insistent pour avoir un poste d’agent de sécurité, ils refusent de travailler au sein des trois sociétés privées de gardiennage qui existent dans la wilaya.
Le choix du poste à occuper est l’une des difficultés qu’on rencontre quotidiennement », a-t-il déploré.
Recours à la main-d’œuvre subsaharienne
Ce déficit en main-d’œuvre est constaté également dans d’autres secteurs, comme l’agriculture. Certains agriculteurs ont recourt aux travailleurs étrangers. Dans l’agglomération Ahmed-Bennou, située à Hassi 20, au nord de la wilaya de Béchar, un agriculteur a recruté sept ressortissants maliens. « C’est moi qui les forme, ils sont disponibles et volontaires, ils ne boudent pas le travail », a soutenu l’agriculteur. Ces derniers touchent un salaire de 30.000 DA par mois.
« Ils sont pris en charge sur le plan hébergement et restauration. Ils ont même appris à faire du thé. Auparavant, j’avais une main-d’œuvre marocaine très qualifiée dans ce domaine, mais ces derniers mois, on a une forte demande de Subsahariens installés depuis quelques mois à Béchar et qui ont remplacé la main-d’œuvre spécialisée locale devenue exigeante, notamment durant la période des grandes chaleurs », a-t-il déploré.
N. B.