Nouvelle Constitution, plan quinquennal ou encore lutte contre la corruption… Bouteflika, réélu pour un quatrième mandat, s’engage à concrétiser tous ses engagements de campagne électorale. Et ils sont tellement nombreux.
Durant le premier Conseil des ministres de l’après-présidentielle du 17 avril, il a été beaucoup question de « stabilité » [le nouveau cabinet ministériel, dirigé par Abdelmalek Sellal, a été formé le 5 mai et a tenu sa première réunion le 7 mai]. Bouteflika estimera que ces élections « ont vu le peuple algérien vaillant se prononcer fermement contre le désordre, la violence, et la fitna [discorde]. Il aura fait montre d’un sursaut patriotique exceptionnel (en s’engageant) à barrer la route à l’aventurisme et à ses prophètes » ! Décidément, Bouteflika ne veut toujours pas lâcher sa bête noire de toujours, Ali Benflis [ancien Premier ministre et candidat malheureux au scrutin présidentiel d’avril dernier] !
Par ailleurs, on ne peut pas ne pas relever cette autre phrase assassine, sans doute destinée au patron du FLN, cible permanente [Amar Saâdani, le secrétaire général du Front de libération nationale] : « Les Algériens et les Algériennes ne sauraient accepter que la démocratie s’exerce hors des règles et des institutions définies dans la Constitution, ou loin d’une conduite pacifique qui s’impose à tous, ni encore moins en contresens de la volonté souveraine exprimée par notre peuple »… Cela étant, Bouteflika ne manqua pas de compenser son attaque par un vibrant hommage aux forces de l’ANP [l’Armée nationale populaire].
La légitimité bâtie sur le thème de la stabilité
Et, inhabituellement, il évoquera la dernière opération antiterroriste menée [le 5 mai] par l’armée à Tinzaouatine ! « Le Conseil des ministres a été informé de l’opération brillamment menée par l’Armée nationale populaire il y a deux jours, dans la région de Tinzaouatine, durant laquelle a été annihilée une dangereuse tentative d’infiltration d’un groupe terroriste lourdement armé, dont les éléments sont originaires du Mali, de Libye et de Tunisie. »
L’homme qui a bâti toute la légitimité de son quatrième mandat sur ce thème de la stabilité insistera particulièrement sur ce point, estimant que « cette nouvelle agression extérieure interpelle toute la société algérienne pour faire preuve de la plus grande vigilance et soutenir ainsi l’engagement des forces de l’ANP et des forces de sécurité face au terrorisme abject ». L’on est en tout cas vraiment très loin du discours récurrent sur la « réconciliation nationale ».
Face à son nouveau gouvernement, Bouteflika s’est montré ferme et exigeant. Ainsi, évoquant son programme électoral et ses engagements, il dira : « En tant que pouvoirs publics, nous devront engager une véritable course contre le temps (…) pour satisfaire les attentes de notre peuple. » Le toujours patron du palais d’El-Mouradia [siège de la présidence] citera même une série de chantiers à lancer dans les plus brefs délais, et dans tous les domaines
La révision de la Constitution
Il est, entre autres, question de la mise en place des autorités de régulation de la presse écrite et audiovisuelle, de la mise en œuvre du nouveau découpage administratif, de l’accélération du processus d’adhésion de l’Algérie à l’OMC, de la lutte contre la corruption et la bureaucratie, de l’accélération du processus de réformes économiques et, même, d’un programme spécial approvisionnement du marché national durant le mois de ramadan.
Cela en même temps que l’élaboration du plan quinquennal 2015-2019. Le gouvernement est également instruit de préparer dans les plus brefs délais le nouveau plan d’action. « Ce dossier sera de nouveau abordé dans quelques jours à l’occasion de l’étude, en Conseil des ministres, de ce projet de plan d’action que le gouvernement aura à présenter devant l’Assemblée populaire nationale puis devant le Conseil de la nation ». Sellal devra en effet se présenter devant le Parlement au courant du mois de mai.
S’agissant de son dossier le plus immédiat, à savoir la révision de la Constitution, Bouteflika met fin au suspense. Au cours de ce Conseil des ministres, il a fixé les échéances du processus des consultations. Il est ainsi précisé que l’ensemble des partis politiques, des représentants de la société civile et des mouvements associatifs ainsi que les personnalités nationales seront [à la mi-mai] destinataires du contenu de ce que sera la nouvelle Constitution telle que proposée par le pouvoir. Ce avant d’être ensuite conviés à des consultations à partir de début juin [plusieurs formations politiques ont d’ores et déjà signifié leur refus de participer aux consultations politiques proposées par Abdelaziz Bouteflika].Toute l’opération sera conduite par le ministre d’Etat, directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia.