Les casbahs à l’abandon

Les casbahs à l’abandon

C’est vers 1920 que naît un véritable intérêt pour la sauvegarde de la vieille ville d’Alger, la Casbah. Les premières études sont conduites dans les années 70.

Cheikh Anta Diop, le père de la négritude si l’on exclut Césaire et Senghor, répétait à l’envi cette formule qui a fait le tour du monde : «Quand un vieillard meurt en Afrique, c’est une bibliothèque qui brûle.» La réalité est autrement plus complexe.

L’impression qui ressort est que nous avons honte de notre mémoire, que nous la traînons comme une casserole, que nous la rejetons.

En fait, nous renions une partie de cette mémoire qui nous est pourtant commune.

La grande richesse dans le domaine architectural de notre pays est tout simplement ignorée. A l’exemple du fort espagnol qui a été construit avant même l’occupation turque sur une crête de la montagne du Murdjadjo, à Oran.

Ce site n’est jamais visité par les riverains et de nombreux habitants d’El-Bahia n’y ont même jamais mis les pieds.

Tout se passe comme si l’incroyable monument capable d’accueillir 2 000 hommes et même de les nourrir, était une «tâche» honteuse dans l’histoire de la région. Non seulement, il est boudé, mais il est pratiquement ignoré.

L’entre fort construit par les Turcs, en contrebas pour permettre aux raïs de la flotte ottomane de surveiller la rade est également totalement abandonné.

En revanche, la mosquée du Pacha, bâtie en amont de Sid El-Hamri, sur l’ancienne rue Philippe, est assez bien conservée dans l’ensemble. Ce lieu riche d’histoire est, en fait, demeuré un lieu de prière pour les fidèles de la région. Il n’a pas été relégué au rang de vestige historique en gardant une utilité publique.

Pour sauver toutes ces bâtisses en péril, des Oranais jaloux de leur cité se sont constitués en association pour sauvegarder leur patrimoine. Les pouvoirs publics espagnols à Madrid, très sensibles aux traces de leur histoire ont décidé d’apporter leur contribution technique et financière pour réhabiliter des sites voués à la prédation du temps et à l’oubli.

A Alger, où en général les pouvoirs de décision sont plus rapides, La Casbah est maintenue en survie grâce à différents projets de restauration qui font de cet espace à la fois un haut lieu culturel, unique en Afrique du Nord et un lieu de mémoire de référence pour toutes les générations.

La Casbah s’étend en effet sur 45 hectares et témoigne d’une forme urbaine homogène dans un site original et accidenté (118 mètres de dénivellation). La richesse de la ville se traduit par les décorations intérieures des habitations, souvent ordonnées autour d’une cour carrée centrale faisant atrium.

En matière de préservation du patrimoine historique, la faveur va à La Casbah d’Alger, témoin d’un mode de vie ancestral et d’un label de cidadinité. Les «casbahs» ou «kassabah» que l’on dénombre un peu partout autour de certaines grandes agglomérations ne sont plus, faute de restauration, qu’un amas de vieux bâtis sans valeur historique.