L’Algérie accuse un grand retard dans le domaine de la monétique. Cela apparaît à travers le paiement électronique qui peine à prendre son envol. Des problèmes techniques, auxquels s’ajoutent des difficultés à convaincre les consommateurs, mais surtout les commerçants, subsistent et freinent ce projet ambitieux mis en place pour permettre aux citoyens une gestion confortable de leur argent. En plus des retraits, les porteurs d’une carte interbancaire peuvent aussi l’utiliser pour le paiement d’achats et des services.
Mais seulement dans les magasins et institutions dotés de terminaux de paiement électronique (TPE), lequel ne s’est pas généralisé. C’est là un autre défi qui se pose pour les promoteurs du paiement par carte. De plus, circonspects, de nombreux citoyens posent le problème en termes de sécurité des transactions. Le consommateur reste frileux et, malgré l’obtention de sa carte interbancaire, il ne l’utilise que très rarement, préférant de loin le chèque postal ou bancaire pour retirer de l’argent. D’ailleurs, Algérie Poste (PA) reconnaît ouvertement l’échec de cette opération puisque ses clients gardent encore leurs cartes dans leur poche. AP se penche actuellement sur les moyens d’encourager l’utilisation des cartes magnétiques.
14 000 transactions/jour en moyenne pour 1 200 DAB
Pourtant, depuis 2006, date de lancement des cartes bancaires, de nombreux distributeurs automatiques de billets (DAB) sont mis à la disposition de la clientèle au niveau des banques nationales et même des bureaux de poste.La Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim), à elle seule, compte un nombre de 637 DAB opérationnels, avec un taux de disponibilité de 87%. Ceci sans compter les autres DAB qui font porter le nombre total à plus de 1 200. Un système de supervision est mis en place pour que les DAB soient toujours fonctionnels et alimentés en argent.
La supervision permet de détecter la moindre alerte qui est immédiatement transmise par la Satim à la banque en temps réel pour pouvoir intervenir sur le problème. Certaines banques sont, elles-mêmes, dotées de ce système de supervision.Selon la Satim, pour les dix premiers mois de 2010, pas moins de 17 institutions bancaires adhèrent au réseau interbancaire, et 14 000 transactions par jour en moyenne avec des pointes atteignant les 18 000 transactions par jour, particulièrement en fin de mois, sont enregistrées à travers le territoire national.
Migration vers la carte à puce et développement des TPE en grappe
Selon les informations que nous avons pu recueillir, la Satim est en pleine phase de migration vers la puce pour ce qui est du retrait. Actuellement, les distributeurs fonctionnent avec la carte à piste. Cette opération en est encore au stade d’expérimentation avant d’être généralisée. La migration vers la puce permettra ainsi une plus grande sécurisation des transactions, et suit les directives de la Banque d’Algérie dictées par sa réglementation. La technologie de la puce offre une grande sécurité car basée sur des normes internationales EMV Euro Master Card Visa.
Le client est authentifié avec un code confidentiel. Plus encore, la puce ne peut pas être reproduite grâce à cette sécurité mise en place.Au plan technologique, la Satim se réjouit d’être à jour avec les nouvelles technologies et elle s’efforce toujours de se mettre au niveau des normes internationales.Pour permettre le paiement électronique, la Satim a déployé prés de 3 000 terminaux de paiement électronique (TPE) au niveau national.
La nouveauté de cette entreprise pour cette année est le placement de TPE en grappe. Contrairement à ceux placés auparavant et qui nécessitent autant de lignes que de caisses, chacune de ces dernières fonctionnant indépendamment, le TPE en grappe installé surtout dans les grandes surfaces permet de relier les caisses entre elles. Il suffit de placer un terminal connecté à un concentrateur de flux, c’est-à-dire une seule liaison pour passer le flux de toutes les caisses simultanément, pour que cela permette une plus grande rapidité de l’opération de paiement.
Cette façon de faire permet une optimisation de l’utilisation de la ligne et permet la rapidité des opérations grâce à la technologie utilisée qui est le GPRS. Ce mode de TPE en grappe est rendu nécessaire par l’ouverture en grand nombre de superettes et de grandes surfaces commerciales. Le supermarché Uno au centre commercial de Bab Ezzouar compte 24 TPE en grappe. Pas moins de 54 transactions de paiement ont été enregistrées la première semaine de l’installation de ces terminaux en grappe au niveau du supermarché.Il faut savoir que les TPE sont une propriété de la banque, qui les achète et décide de leur attribution. La Satim reçoit un fichier qui lui est envoyé par la banque avec une liste de commerçants et exécute la commande.Avant de lancer un nouveau produit, la Satim passe automatiquement par une phase de normalisation en mettant en place un système qui puisse accepter les cartes mises sur le marché.
C’est le cas pour la carte Corporate qui constitue aussi l’une des nouveautés de la Satim. Son lancement a répondu à la demande de certaines banques qui ont demandé de travailler avec la carte Corporate parce que cette dernière permet de puiser dans le compte d’une entreprise et non pas dans un compte personnel. Elle est utilisée surtout en déplacement pour payer l’hôtel, la restauration et l’essence.Malgré l’existence de toutes ces cartes qui peuvent faciliter la vie d’un consommateur, beaucoup de clients l’ignorent en raison du manque flagrant de communication. Un travail de promotion de la carte interbancaire doit se faire si l’on veut garantir un tant soit peu l’adhésion des clients à cette volonté de moderniser le réseau bancaire national.