Le ministre égyptien des Affaires étrangères et Ramtane Lamamra
L’Algérie est devenue la destination favorite des envoyés spéciaux des principaux dirigeants arabes. Alger est devenue la capitale arabe la plus consultée par les chefs des diplomaties étrangères.
Les représentants de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte, de la Tunisie, des Emirats arabes unis, du Qatar, du Yémen, de la Libye sont passés ces derniers mois à Alger pour consulter ses responsables et demander conseil à la grande soeur l’Algérie. Presque trois ans après l’explosion du printemps arabe et ses attentes démocratiques décevantes, l’Algérie est restée le seul pays stable sur le plan politique et sécuritaire. Suite à ses choix diplomatiques sur la révolution arabe, l’Algérie est devenue une référence en matière de projection géopolitique et le leader diplomatique incontesté du Monde arabe.
En dépit de sa convalescence, le Président Bouteflika est sans doute le président arabe le plus consulté. Il a depuis quelques semaines multiplié les entrevues avec les envoyés spéciaux des dirigeants arabes. Le chef de l’Etat a reçu avant-hier le ministre saoudien de l’Intérieur, l’émir Mohamed Ben Nayef Ben Abdelaziz. L’Arabie Saoudite, qui est considérée comme le centre spirituel du Monde arabe, avait besoin des conseils de l’Algérie pour se projeter vers l’avenir 2014.
C’est sans doute la même demande formulée un jour auparavant par le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmi, venu remettre au chef de l’Etat un message du président provisoire de l’Egypte, Adli Mansour. Le 19 décembre dernier, le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khaled Bin Mohamed al-Attia, a été reçu par le Président à qui il a transmis un message de l’emir du Qatar, Tamim ben Hamad al Thani.
L’Arabie Saoudite et le Qatar, qui ont été épargnés par le printemps arabe et qui avaient alimenté différemment certains courants révolutionnaires en Syrie, en Egypte, en Libye et en Irak pour éviter toute contagion sur leur sol. Aujourd’hui, ces révolutions arabes qui avaient promis des nouveaux modèles de démocratie se sont transformées sensiblement en conflits interminables et une instabilité politique et sécuritaire.
Le meilleur exemple, l’Egypte, qui avait vécu la révolution arabe et la chute de Moubarak, s’est retrouvée aujourd’hui dans la même situation que l’Algérie, il y a 20 ans et elle a été obligé d’adopter le scénario algérien: interdiction des rassemblements islamistes et dissolution du principal mouvement politique des Frères musulmans.
Si le ministre égyptien des Affaires étrangères avait affirmé diplomatiquement que sa visite en Algérie n’est pas liée à la situation interne en Egypte, il a tout de même expliqué aux responsables algériens ce qui se passe actuellement dans son pays, tout en tentant de décrocher un conseil pour régler définitivement la crise que traverse celui-ci. C’est d’ailleurs dans ce même contexte de consultations pour le règlement de la crise née de la révolution arabe que le Président Bouteflika avait rencontré, en novembre 2013, le chef du parti tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, au pouvoir et l’ancien Premier ministre tunisien et président du mouvement Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi.
C’était d’ailleurs la première fois que le chef de l’Etat recevait des personnalités étrangères depuis son retour au pays pour convalescence. L’Algérie souhaitait trouver rapidement une solution pour un pays voisin et frère, la Tunisie.
Tout en déclarant que l’Algérie n’interviendra pas hors de son territoire, elle avait soutenu l’armée tunisienne dans sa lutte contre le terrorisme qui secouait son pays. Même attitude adoptée par l’Algérie vis-à-vis de la Libye quand le Premier ministre Abdelmalek Sellal s’est rendu le 29 décembre dernier à Tripoli, démontrant la «volonté sincère» de l’Algérie d’aider et d»’accompagner» la Libye dans son processus d’édification institutionnelle.
Le président mise beaucoup sur Ramtane Lamamra, le chef de la diplomatie algérienne pour replacer l’Algérie dans le concert des nations. Tout en affirmant que le Président Bouteflika veille sur la diplomatie algérienne et participe au moindre détail, Lamamra agit sur la base de ses directives et ses orientations.
Depuis cette date, Alger est devenue la capitale arabe la plus consultée par les chefs des diplomaties étrangères et redevient le leadership incontesté dans la région. Des ministres arabes, mais aussi européens, occidentaux et asiatiques consultent souvent Alger et la capitale algérienne accueillera la visite du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, pour un nouveau round-up sur la situation dans le Monde arabe.