Les futurs locataires du palais Zighoud- Youcef iront à la pêche aux voix dans un peu plus de 72 heures, au moment où leurs concitoyens font face à une flambée des prix des produits de consommations sans précédent.
Il y aura bien entendu des engagements et des promesses. Reste à savoir s’ils seront tenus. La question est sans doute prématurée. Il n’en demeure pas moins qu’elle sera centrale au moment où ceux dont ils sollicitent le suffrage auront soit porté le choix sur leur favori ou décidé que leur bulletin aille grossir les rangs de ceux qui auront préféré ne pas s’exprimer. Et ils sont de plus en plus nombreux depuis quelques scrutins. Plus de 57% des électeurs n’ont pas voté lors des législatives de 2012. Seront-ils plus nombreux cette fois-ci? Si l’on se fie à la conjoncture économique difficile que traverse le pays il y a fort à parier que cela soit le cas. Les prix du pétrole n’ayant commencé à dégringoler qu’à la mi-juin 2014 alors que la cherté de la vie qui sévit actuellement est sans aucune mesure avec celle qui régnait il y a cinq ans.
Une hausse incendiaire qui a touché des produits de large consommation. Pomme de terre, tomate, oignon, café, haricots secs, lentilles…ont atteint des coûts inégalés hors de portée des petits revenus et qu’a ressentis la classe moyenne au sein de laquelle se trouve le plus gros des troupes des consommateurs.
Les futurs locataires du palais Zighoud-Youcef iront, donc, à la pêche aux voix dans un peu plus de 72 heures au moment où leurs concitoyens font face à une flambée des prix des produits de consommation sans précédent. Une situation qui résulte d’un marché de gros complètement détraqué dont la régulation reste toujours en gestation. Dans cet environnement non assaini, la sphère de l’informel et les différentes «mafias» de certaines filières agricoles, à l’instar de celle de la pomme de terre, sont comme des poissons dans l’eau. Les nombreux responsables qui se sont succédé à la tête du ministère de l’Agriculture, qui s’y sont frottés se sont tous cassé les dents ou ont fini par jeter l’éponge.
Sachant qu’un député n’a pas le pouvoir de changer une telle donne, il n’en demeure pas moins que ce qui est attendu de lui est de faire entendre les voix qui lui ont été confiées. Comme il est attendu de lui de déclencher les actions appropriées auprès des institutions (Chambre de l’agriculture, du commerce…) de la région où il a été élu.
Quelles propositions feront les prochains élus du peuple pour éteindre ce feu qui ravage le quotidien de leurs concitoyens? A ce jour on ne les a pas trop entendus s’exprimer sur ce sujet. Les informations qui nous parviennent font surtout état d’une bataille qui a fait rage autour de la confection des listes de candidatures, d’achat en monnaie sonnante et trébuchante pour y figurer en bonne position. Et oui, un siège au palais Zighoud-Youcef ça se monnaie aussi. Des moeurs qui ont la peau dure même si des QG de partis, les sons de cloche qui nous parviennent font état d’une chasse implacable à la «ch’kara». Et c’est l’Assemblée populaire nationale qui est censée être la caisse de résonnance de la voix du peuple qui en a pris un coup.
L’image de l’APN, qui restera gravée dans la mémoire des Algériens, de l’Assemblée populaire nationale (2007-2012), est sans aucun doute celle de l’augmentation de salaires de ses membres qui a eu lieu au mois de septembre 2008. Soit à peine un peu plus d’une année après leur installation. 255 députés avaient adopté le projet d’ordonnance relatif à leur nouveau statut, à l’exception des élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Parti des travailleurs (PT).
Ce qui s’est traduit par une nouvelle mensualité de quelque 300.000 dinars par mois, soit 30 fois le Snmg (Salaire minimum) de l’époque. Ce qui a fait dire que c’est l’odeur de l’argent qui fait courir les candidats à la députation. Une image qui continue de leur coller à la peau. Pas étonnant dans ce cas que les Algériens leur tournent le dos.