Les bureaux d’Alger perquisitionnés, L’enquête sur SNC Lavalin s’accélère

Les bureaux d’Alger perquisitionnés, L’enquête sur SNC Lavalin s’accélère

Fonds secrets, relations douteuses avec les dictateurs, corruption à coup de millions de dollars, SNC-Lavalin a bâti un stratagème pour obtenir de lucratifs contrats en Algérie. Le plan qui a fonctionné pendant plus d’une décennie est mis à jour par des enquêtes criminelles menées en Suisse, en Algérie et d’autres pays du Maghreb.

Les bureaux de SNC-Lavalin en Algérie ont fait l’objet d’une perquisition cette semaine, a confirmé hier à Radio- Canada le géant de l’ingénierie. La police algérienne a procédé à la recherche de matériel dans les locaux de l’entreprise à Alger, dans le cadre d’une enquête sur des affaires de corruption en relation avec des contrats publics:

«SNC-Lavalin a collaboré avec les autorités algériennes lors de leur investigation » et promet de les aider à trouver «toute information qui pourrait être pertinente», afin de «résoudre le tout le plus rapidement possible », a écrit la porte-parole Leslie Quinton dans un courriel adressé à Radio-Canada, refusant toutefois de commenter davantage l’affaire. L’édifice a été bouclé pendant environ huit heures. Aucun employé n’a eu le droit de quitter les lieux pendant l’opération.

Des serveurs informatiques et des ordinateurs auraient été saisis. Les autorités auraient aussi demandé à SNC-Lavalin de fermer son siège social à Alger pour se limiter à un simple bureau de liaison. La justice algérienne enquêtait sur le contrat de construction de la centrale électrique de Hadjret Enous près d’Alger, obtenu par SNC-Lavalin en 2005.

De hauts dirigeants de la firme faisaient la tournée des journaux algériens pour distribuer une lettre dans laquelle ils disaient vouloir oublier le passé. Ces dernières années, de nombreux scandales ont éclaboussé SNCLavalin, notamment en lien avec le versement de pots-de-vin pour l’obtention de contrats à l’étranger.

La Banque mondiale a récemment mis l’entreprise québécoise à l’écart de leurs projets, à la suite de ces révélations. Rappelons que SNCLavalin a récemment offert l’amnistie a ses employés qui signaleraient de possibles cas de corruption ou de pratiques anticoncurrentielles, auxquels ils pourraient avoir été mêlés directement ou indirectement.

C’est le journal canadien The Globe and Mail qui a rapporté l’information. Farid Bédjaoui, le neveu de l’ex-ministre des AE, aurait obtenu pour le groupe canadien un milliard de dollars de contrats avec la Sonatrach, écrit le journal, qui a enquêté avec le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore.

The Globe cite des sources proches de l’enquête en Europe et au Canada pour indiquer que SNC, comme une filiale d’ENI, Saipem, avaient utilisé les services de Farid Bedjaoui. Interrogé par l’AFP, SNC Lavalin s’est borné à confirmer que, «d’après ses propres recherches», Farid Bedjaoui «était lié à certaines entreprises» qui avaient des contrats avec ses filiales.

«Ces contrats étaient négociés par d’anciens salariés de notre entreprise et, autant que nous sachions, c’était à l’époque des ententes d’affaires ordinaires», a écrit la porte-parole de SNC Lavalin, Leslie Quinton.

Mahmoud Tadjer