Les brochettes envahissent, les quartiers Repas privilégié pour le S’hour

Les brochettes envahissent, les quartiers Repas privilégié pour le S’hour

Pendant le mois sacré de Ramadhan, des pratiques commerciales surgissent en réponse aux attentes et exigences des citoyens. L’explosion de la vente des brochettes sur les trottoirs et des magasins destinés à une autre activité commerciale, a refait cette année encore son apparition dans différents quartiers de la ville.

Une virée dans les dédales de la capitale confirme que cette pratique est bel et bien ancrée dans les us. Des tables de fortune parfois dotées d’un présentoir en verre sont mises sur la chaussée dès la rupture du jeûne. Les feux de braise sont déjà allumés attendant les premiers clients. Ces derniers font leur apparition à la première heure de la soirée. Juste à la fin de la prière des Tarawih. A ce demander si ces personnes ont bel et bien ingurgité un repas chez soi.

Avec les premières commandes, la fumée montante titille les papilles des passants. Une invitation sans détour notamment pour les plus jeunes. Comme le sel, l’odeur des brochettes montent au cerveau, piégeant les citoyens au point de faire fi des conditions dans lesquelles sont préparés ces mets. Dans le quartier de Bab Ezzouar, des jeunes sont déjà là dans un bout de trottoir, le barbecue érigé sans oublier le sèche-cheveux pour attiser le brasier. Dans le présentoir en verre, des brochettes de dinde et de merguez sont soigneusement alignées sur un tapis de persil.

En dessous du présentoir, différentes boissons sont exposées. Les citoyens font la queue pour s’arracher les sandwiches badigeonnés d’une petite couche de harissa, afin de relever le goût. La plupart ne sont certainement pas conscients du danger qui les guette. Mais les commandes affluent. Le prix affiché (20 DA la merguez et 15 DA la brochette de dinde) est des plus alléchant. Consommer de telles viandes mal conservées est vraiment risqué pour la santé.

C’est l’intoxication alimentaire sévère, peut-être même l’infection botulique qui guette ces consommateurs. Néanmoins, rien ne semble les arrêter ou leur faire changer d’avis. Hamid, la vingtaine, avoue venir quotidiennement avec ses copains prendre un sandwich pour le s’hour. Evoquant les conditions de conservation et de préparation, notre interlocuteur dira : « Chez le rôtisseur d’à côté, la qualité de la viande n’est pas meilleure. » Dans le quartier de Bachdjerrah, un boucher a de tout temps divisé son magasin en deux activités. L’une pour vendre les différentes viandes et l’autre pour la rôtisserie. Dès l’entame de la soirée, le présentoir des viandes vidées est mis à l’extérieur et tout l’espace est utilisé pour une et unique activité, les grillades.

Ici les prix atteignent les 40 DA notamment pour la brochette de foie. Pour les riverains incommodés par la fumée qui se dégage du barbecue, « la prolifération de vendeurs de brochettes est une affaire des services de sécurité et aussi de l’APC qui n’ont pas assez d’autorité pour mettre un terme à cette activité qui met en danger la santé des citoyens ». La prolifération de ces commerces n’est possible qu’avec une demande sans cesse importante et une consommation effrénée des brochettes devenues le repas du s’hour attitré des jeûneurs.

Souhila Habib