Les banques algériennes se préparent au manque de liquidités

Les banques algériennes se préparent au manque de liquidités
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La Banque centrale va recourir, dans les prochains jours, au refinancement des banques, selon les propos tenus par son gouverneur lors de son dernier passage devant les députés.

En l’espace d’une année, la surliquidité bancaire, évaluée entre 35 et 40 milliards d’euros au début de l’année 2014, s’est avérée n’être qu’un miroir aux alouettes reflétant une photographie déformée de la bonne santé de notre système bancaire.

À cause de cette surliquidité, et jusqu’à cette date, les banques publiques, dominantes sur la place, étaient accusées, par même des membres du gouvernement, de dormir sur un trop-plein de surliquidités privant, ainsi, des PME et TPE d’importantes ressources de financement de leurs investissements.

D’ailleurs, dès 2012, aussi bien le gouvernement que la Banque centrale avaient initié des politiques pour résorber cette surliquidité à travers deux actions essentielles.

LG Algérie

La première a consisté à élargir les garanties offertes par l’État aux banques pour les encourager à prêter de l’argent aux PME et à financer certaines grandes opérations. La seconde a consisté à offrir aux banques une meilleure rémunération de leurs placements chez la banque des banques avec un taux plus attractif. Mais, avec la rétraction des recettes des hydrocarbures, le miroir s’est brisé, en 2015, quand le niveau de surliquidité a chuté à 15,3 milliards d’euros durant cette année et les premières banques ont été dans l’obligation de recourir au marché interbancaire pour faire face à leurs obligations.

Ce phénomène de recours au marché interbancaire, exceptionnel en 2015, va se développer, certainement encore, à partir de cette année. D’ailleurs, dans les prochains jours, la Banque centrale va recourir au refinancement des banques, selon les propos tenus par son gouverneur lors de son dernier passage devant les députés.

Le recours au marché interbancaire et à la recapitalisation n’est pas en lui-même un signe de mauvaise santé. Les banques doivent recourir à la fois aux règles universelles de gestion afin d’équilibrer leurs comptes ainsi qu’à la créativité de leurs managers pour assurer leur pérennité et jouer leur rôle dans le développement économique du pays.

Aujourd’hui, en ce mois d’avril, face à la diminution des recettes des hydrocarbures, le nouveau modèle économique, miroité par le gouvernement et qui sera décliné dans les prochains jours ou heures, sera basé sur le financement des investissements et de l’ensemble de l’économie nationale par le marché financier interne, soit les emprunts obligataires et le marché bancaire, soit les prêts contractés auprès des banques de la place par les opérateurs économiques. Et, à ce niveau, banquiers et économistes se posent des questions légitimes.

La première est de savoir si les conditions qui ont fait que les banques algériennes ont été confrontées à la surliquidité sont toujours d’actualité. Ces conditions sont à la fois l’abondance des recettes des hydrocarbures et les opérations du commerce d’importation florissantes avant 2015. La seconde est de savoir si le système financier algérien est si solide pour supporter, à lui seul, les besoins de financement de l’ensemble du secteur de l’économie sans le recours aux marchés extérieurs. Le cas contraire serait une perte de temps pour aller, au final, sur ces mêmes marchés mais une fois que le pays est à genoux pour négocier en position de faiblesse.

Enfin, la troisième question est de savoir si une modernisation de la gestion des banques, sans une réforme de l’ensemble de l’économie nationale, elle-même liée à l’engagement de réformes politiques structurelles, est à même de porter ses fruits ? Le cas contraire, nous serons obligés d’exiger des banquiers d’être souples et de ne se baser que sur les règles prudentielles de gestion tout en les laissant évoluer dans un environnement économique à 70% informel.