Une croissance rapide du crédit hypothécaire est attendue pour la prochaine année, stimulée par les programmes de logements mis en œuvre au profit des classes moyennes. Il pourrait se substituer progressive au financement budgétaire du logement.
Le financement du logement par les banques est déjà l’objectif affiché par les pouvoirs publics. C’est que la charge sur le Trésor public est lourde. Au cours des dernières années, le financement de logement en Algérie a dépassé plus de 300 milliards de DA (environ 4 milliards de dollars) de ressources fournies par le Trésor public. Le montant des transferts alloués au secteur de l’habitat par les différentes lois de finances donne une idée de l’ampleur du financement public du logement. Les programmes de réalisation de logements sociaux locatifs entièrement financés par les ressources du Trésor public – et qui atteignent bon an mal an entre 50000 et 60 000 unités – bénéficient d’une dotation de 100 milliards de DA. Le logement public aidé en milieu rural et urbain reçoit, pour sa part, un peu plus 180 milliards de DA.
Montée en puissance du crédit hypothécaire
Les premiers indices de ce passage de relais aux banques commencent à transparaitre. La Banque d’Algérie a déjà signalé une croissance accélérée des crédits immobiliers aux ménages en 2011 (+19%). Elle récidive pour l’année 2013. Elle souligne dans la Note de conjoncture rendue publique en décembre que « les crédits aux ménages sont en hausse de 16% dans le cadre de l’inclusion financière, essentiellement au titre des crédits hypothécaires qui enregistrent une nouvelle hausse de 18,7 % à décembre 2013 tirés par le développement du marché immobilier ».
La solution alternative au financement public constituée par le crédit immobilier hypothécaire est en train de monter en puissance. Et à une bonne allure. Après avoir franchi pour la première fois la barre des 80 milliard de dinars (1 milliard de dollars) en 2012, les crédits bancaires devraient s’élever, selon des estimations encore provisoires, à environ 90 milliards de DA (1,1 milliards de dollars) à fin 2013. Depuis quelques années, les pouvoirs publics ont mené une politique incitative pour parvenir à ce début de retournement. Le crédit immobilier est devenu un des thèmes préféré des responsables algériens.
La LFC 2009 (loi de finances complémentaires) célèbre pour avoir “inventé” le fameux 51/49, a aussi créé un dispositif de bonification des taux d’intérêt extrêmement avantageux pour les emprunteurs. Ce dispositif, dont sont exclus les seules auto-constructions en milieu urbain et la vente entre particuliers, se traduit dans la plupart des cas par un taux d’intérêt effectif qui ne dépasse pas 1%. Ce qui en période d’accélération de l’inflation constitue une véritable aubaine pour les emprunteurs. Ces derniers ne s’y trompent d’ailleurs pas et les banques algériennes doivent gérer depuis plus de 3 années maintenant un afflux sans précédent de demandes de crédits.
La CNEP toujours en tête des bilans
La CNEP-Banque a pris, ces dernières années, la bonne habitude de publier de façon très précoce les résultats de son activité. Ils confirment, en dépit de la diversification récente des activités de la banque de la rue Khelifa Boukhalfa, son rôle de locomotive du crédit immobilier .Selon un bilan rendu public récemment, la CNEP-Banque a accordé en 2013 près de 122 milliards de m8dinars de crédits tous segments confondus. Les crédits octroyés aux particuliers, au nombre de 22 069, s’élèvent à la somme de 46.2 milliards de dinars.
Sur ce montant, les crédits bonifiés se taillent la part du lion. La CNEP-Banque a octroyé, en 2013, 9 029 crédits à taux bonifiés pour un montant de 18,5 milliards de dinars. Un responsable de la Banque note que ce « sont plus de 35 000 crédits bonifiés qui ont été accordés par la CNEP depuis le démarrage de la nouvelle formule. Les crédits à taux bonifiés ont été lancés à la CNEP-Banque en mai 2010 avec effet rétroactif aux dossiers déposés jusqu’en mars 2010. Ils sont destinés aux programmes LPA (logement participatif aidé) dont le prix ne dépasse pas 2,8 millions de DA et à l’achat d’un logement neuf collectifs acquis auprès d’un promoteur public ou privé dont le prix ne dépasse pas les 12 millions de DA. Ils peuvent également financer l’auto-construction en milieu rural.”. La banque dirigée par Djamel Bessa a, en outre, accordé l’année dernière près de 6.000 crédits pour près de 10 mds de DA qui ont financé la formule plus traditionnelle de l’auto-construction.
De nouvelles formules de crédits
Plusieurs nouvelles formules de crédits connaissent également un succès croissant. En 2013, la CNEP a accordé à ses clients particuliers 2.142 « crédits accession » pour la somme de 10,8 milliards de DA. Un segment qui a été dominé par les crédits destinés à la cession de biens entre particuliers qui a été « très convoité» avec 1.188 crédits et 5 mds de DA, selon la banque. 541 crédits totalisant 3,2 mds de DA ont également profité aux jeunes de moins de 35 ans. Le crédit aux jeunes, lancé en avril 2008, est remboursable sur 40 ans.
Son montant peut atteindre 100% du prix du logement acquis, indique-t-on à la CNEP-Banque. Une différence notable à souligner entre banques publiques et privées. Le montant moyen des prêts accordés par la Cnep est proche de 2 million de DA. Les banques privées semblent sélectionner une clientèle plus aisée avec un montant moyen de prêts d’environ 3 millions de DA pour Société générale Algérie par exemple.