Les bactéries intestinales, piste de recherche pour traiter le diabète

Les bactéries intestinales, piste de recherche pour traiter le diabète

PARIS – Certaines bactéries intestinales pourraient avoir des propriétés « anti-diabétiques » et ainsi aider à traiter les patients atteints de diabète de type 2, indique une équipe de chercheurs, qui a reçu mercredi un prix pour financer son projet de recherche.

Les chercheurs, qui ont déjà identifié 24 souches de bactéries, veulent maintenant les isoler et les cultiver de façon industrielle, puis tester  leur efficacité chez la mouche drosophile et la souris, avant un essai clinique chez l’homme en 2020, a expliqué le Dr Hubert Vidal, directeur de recherche à l’Inserm, au cours d’une conférence de presse organisée par la Fondation francophone pour la recherche sur le diabète (FFRD).

« On ne va pas soigner le diabète juste avec des probiotiques », avertit toutefois le chercheur. Il s’agit plutôt d’utiliser ces bactéries « en synergie avec d’autres molécules ».

Parmi les pistes envisagées, les bactéries ayant prouvé leur efficacité pourraient permettre de prescrire aux malades une dose plus faible de metformine. Cet antidiabétique oral est le plus prescrit aux patients diabétiques de type 2, mais il provoque souvent des troubles digestifs.

On sait depuis plusieurs années que le déséquilibre du microbiote intestinal joue un rôle dans le diabète, mais on est encore loin de pouvoir en tirer des traitements, car « il existe un verrou important dans l’identification et la sélection de souches bactériennes ayant une réelle efficacité », par exemple pour améliorer la dégradation du glucose ou la sensibilité à l’insuline, explique ce spécialiste du diabète et de la  nutrition.

Autre difficulté, faire en sorte que les bactéries identifiées conservent leurs propriétés et ne « dérivent » par lorsqu’on les cultive puis qu’on les prépare pour les utiliser en thérapie.  Enfin, « ce n’est pas parce qu’on rajoute une souche bactérienne dans notre microbiote qu’on va juste avoir l’effet bénéfique de cette souche », a souligné le Dr Vidal. « Il va y avoir tout un rééquilibrage de l’écosystème  avec des interactions qui peuvent être positives ou négatives ».

L’allocation de recherche de 300.000 euros octroyée par la FFRD permettra à son équipe – en collaboration avec trois autres groupes de chercheurs – de franchir les étapes jusqu’au début de l’essai clinique, a-t-il expliqué, ajoutant chercher des partenaires industriels pour la suite de l’étude.

Le monde comptait plus de 425 millions de diabétiques en 2017, et leur nombre pourrait passer à 629 millions en 2045, selon la Fédération internationale du diabète (FID).