Les avocats ciblent les enquêteurs

Les avocats ciblent les enquêteurs

Les plaidoiries ont été caractérisées par presque le même angle d’attaque des avocats de la défense constitués au profit des 16 accusés poursuivis dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest.

Certains à l’instar de Me Amine Sidhoum, ont considéré que « le juge d’instruction qui était en charge du dossier a bâclé l’instruction et bafoué les dispositions stipulées dans le code de procédures pénales ! ».

Selon toujours le même avocat, « même les juges de la chambre d’accusation n’ont pas su gérer le dossier car ils se sont contentés de poursuivre son client en matière criminelle sans toutefois s’assurer des faits ! ». D’après lui, ces derniers (les juges de la chambre d’accusation) pouvaient demander un complément d’information et par-delà situer les responsabilités pour chacun des accusés ».

Les avocats ont enfin sollicité l’acquittement de leurs clients, arguant que « ces derniers font l’objet d’un coup monté de toutes pièces par les investigateurs. Les véritables mis en cause n’ont jamais été inquiétés, que ce soit au cours de l’enquête préliminaire ou durant l’instruction judiciaire ». Pour rappel, Bouzenacha Naïm et Nabil sont poursuivis pour infraction à la législation des changes.

C’est Me Nabil Ouali qui s’est chargé de prouver qu’il y a eu violation de la procédure en ce qui les concerne par le juge d’instruction qui ne leur a pas notifié leur mandat de dépôt. « Nous sommes devant une situation de violation flagrante de la loi.

L’infraction à la législation des changes ne peut s’établir sans procès-verbal de constatation. Les services des douanes ont déposé plainte non pas en établissant le procès-verbal, mais à la demande de la police judiciaire qui a arrêté mes clients. » Me Ouali a, par ailleurs, insisté sur le vice de procédure en informant le tribunal que le juge d’instruction a corrigé l’erreur alors qu’il revenait à la chambre d’accusation de le faire.

Tayeb Hellali, président du tribunal criminel, lance en direction de l’avocat : « Je ne couvrirai personne, quand bien même ce serait un magistrat ! » L’avocat tentera à son tour de prouver l’innocence de ses clients en démontant un à un les arguments de l’accusation et du procureur général, qui, faut-il le souligner, a été malmené par l’ensemble des avocats de la défense.

« Le parquet a basé son accusation sur les flash disk retrouvés dans le micro de Hamdane, contenant l’ensemble des projets de transports. Mais que pouvaient-ils trouver d’autres, ce d’autant que ces clés USB ont été saisies dans son bureau.

Ce qui est normal, il était directeur de la planification au ministère des Transports et n’a pas de liens avec les attributions des marchés. Quant aux fameux transferts dans les comptes des filles Ghrieb, Me Belloula dira qu’il ne s’agit pas plus que d’un remboursement de dette de la famille Addou à la famille Ghrieb, dont les relations remontent à plusieurs années.

« L’autoroute a coûté plus de 11,5 milliards de dollars, mais la dignité de la personne n’a pas de prix ». Et de conclure : « Les plus belles pages de l’histoire ont été écrites à la suite de grands procès. » Tayeb Hellali, regrette que Khelladi n’ait pas pu garder les photos de la réfection de la résidence de Amar Ghoul à club des Pins par les Chinois pour les ramener au tribunal criminel, alors que cela est pris en charge par l’Etat.

« Personne ne m’impressionne en dehors de la loi que je suis décidé d’appliquer. C’est pour cela que j’ai choisi ce métier ». Les avocats des entreprises étrangères ont, pour leur part, démontré que leurs clients ont obtenu les marchés avant l’entrée en scène des prestataires de services, par conséquent il ne pouvait y avoir de délit d’initié. En fin d’après-midi, c’était au tour des avocats de Chani de plaider pour leur client.

Me Bellarif, qui a fait une intervention magistrale, a fait remarquer que le procureur ne faisait pas la différence entre des sociétés fictives et des sociétés offshore.

Me Sidhoum s’est interrogé quant à la non-désignation d’un expert pour évaluer l’état mental du dénonciateur en l’occurrence M. Khelladi : « Le procureur général devait ordonner une expertise mentale sur le mis en cause pour dire s’il jouissait de toutes ses facultés morales et mentales au moment des déclarations ! ».