Régulation du marché et des prix, déficit enregistré en moyens humains et matériels au niveau des inspections du commerce, licences d’importation, contrôle des produits importés et aux biens inexploités, autant de questions relevant du secteur du commerce évoquées par le ministre du commerce devant les parlementaires composant la Commission des finances et du budget.
Abder Bettache – Alger (Le Soir) – Situation oblige, le ministre du commerce a tenu à expliquer en premier lieu que son département se penche sur les moyens d’introduire deux nouveaux certificats sur les produits importés que les importateurs auront à se faire délivrer. Selon lui, il est question d’un moyen de garantie de la qualité du produit importé. Il s’agit de deux certificats, dont le premier concerne la «commercialisation du produit importé dans le pays d’origine et le deuxième les prix d’achat au pays d’origine».
«Le but n’est pas de rajouter de nouvelles charges sur les prix des produits importés mais ce sont là des mesures nécessaires pour garantir la qualité du produit», a précisé le ministre du commerce en réponse aux préoccupations des députés, dans le cadre du débat autour du projet de la loi de finances (PLF) 2018.
25 laboratoires sans moyens

Pour le contrôle de la qualité des produits en vente sur le marché national, le secteur dispose, ajoute la même source, de 25 laboratoires de contrôle de qualité au niveau national. Un nombre appelé à atteindre les 48 laboratoires dans les prochaines années.
Toutefois, ces laboratoires ne «disposent pas des moyens nécessaires pour effectuer le contrôle technique, ce qui amène le secteur à faire appel aux laboratoires des services de police et de gendarmerie», a expliqué le ministre, affirmant que le secteur examinait la possibilité de recourir aux laboratoires des universités. La même source a tenu à préciser que le secteur du commerce «s’attelle à l’établissement de statistiques pour définir le volume de la demande locale sur les produits importés».
Pour M. Benmeradi, le volume des importations, lors des années précédentes, a induit une sorte de récession des entreprises publiques et privées.
S’agissant de la matière première destinée à l’industrie agroalimentaire, le ministre a indiqué qu’il n’existait aucune coordination entre les secteurs de l’agriculture et de l’industrie qui doivent mettre en place un programme de production durant toute l’année avec des intervalles entre la période de semence pour chaque secteur d’activité et produits, permettant de garantir aux unités de transformation la matière première tout au long de l’année.
Une autre taxe pour maîtriser l’importation
Au titre du PLF 2018, l’article 35 prévoit l’institution d’une taxe sur la consommation à hauteur de 60% du tarif douanier afin de maîtriser davantage les importations, alors que l’article 119 prévoit une liste des produits soumis au relèvement des droits douaniers.
En outre, l’article 111 prévoit des taxes parafiscales sur les marques de fabrication, de commerce ou de services.
S’agissant de la régulation du marché, le ministre a précisé qu’il est impératif d’aménager des espaces réservés aux activités commerciales, ajoutant que 1 500 marchés (gros, détail, proximité, etc.) ont été recensés, alors que les besoins sont de 1 500 autres pour réguler le marché. Il a ajouté que 1 000 marchés anarchiques ont été éradiqués sur un total de 1 500.
1 000 marchés anarchiques éradiqués
Le premier responsable du département du commerce a fait savoir que les services du commerce ont recensé 54 000 opérateurs qui activaient sur les 1 000 marchés anarchiques éradiqués et qui ont été intégrés dans le programme des nouveaux marchés. 290 nouveaux marchés sont en cours de réalisation.
Pour ce qui est des locaux du Président Bouteflika, le ministre a indiqué que nombre de ces locaux ont été réalisés en dehors des villes, alors que d’autres ont été transformés en dépôt de stockage, alors que l’économie nationale a besoin plus de locaux destinés à la production.
Concernant la problématique de la fluctuation des prix d’un local commercial à un autre, le ministre a indiqué que son secteur applique des amendes à tout commerçant auquel les factures font défaut outre l’inscription sur le registre des fraudeurs, ajoutant qu’un travail considérable est fait sur la facturation qui constitue un facteur important pour la régulation des marchés.
Probable révision de l’accord avec l’UE
Quant à la spéculation, le ministre a précisé que 50% des produits agricoles, fruits et légumes, sont commercialisés en dehors des marchés de gros, ce qui entraîne l’anarchie dans certains marchés. «A part 20 produits régulés, les prix sont libres mais ceci ne donne pas droit à l’anarchie, les services du commerce et des impôts multiplient les contrôles rigoureux.»
S’agissant de la contrebande des produits nationaux et des produits subventionnés, le ministre a mis en avant la coopération avec les services de sécurité au niveau des frontières pour lutter contre ce fléau, soulignant que la nouvelle politique de ciblage des subventions est à même de contribuer à faire face à la contrebande.
Le volet partenariat avec l’union européenne a été également évoqué par M. Benmeradi. A ce propos, il dira que l’Union européenne avait annoncé récemment de nouvelles mesures pour la sécurisation et la protection des produits, relevant que 600 mesures similaires avaient été prises à l’échelle internationale. Pour le ministre «rien n’empêche une révision globale de l’accord d’association avec l’UE».
Appréhension des députés
Abordant le budget alloué au secteur au titre de l’exercice 2018, M. Benmeradi a indiqué que le budget de fonctionnement s’élevait à 20 milliards de dinars, soit 4% seulement du budget de fonctionnement de l’Etat, et celui d’équipement à 2 248 000.000 dinars, soit 1% du budget de fonctionnement de l’Etat, qualifiant ce budget de «très faible».
Le secteur s’emploiera à réaliser les objectifs tracés en fonction des ressources financières disponibles, d’autant qu’il recrute 13 500 fonctionnaires dont 50% activant dans le contrôle et la répression de la fraude et 50% de personnel administratif, a ajouté le ministre.
Par ailleurs, on apprend que les députés de ladite commission ont affiché leurs appréhensions au sujet de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, tandis que d’autres ont encouragé cette adhésion, arguant que le retard ne sert pas l’économie nationale qui s’est ouverte au commerce extérieur avant même son adhésion à l’Organisation.
D’autres ont mis l’accent sur l’impératif de revoir et réévaluer l’accord d’association Algérie-UE.
A. B.