Une polémique sur la valeur du couffin de ramadhan est en train de s’installer. Si au niveau des pouvoirs publics on estime que la valeur du couffin de Ramadhan est estimée cette année à 9000 dinars, pour un grand nombre d’associations, habituées à gérer cette opération
, le prix du couffin est sensiblement identique à celui des ramadhans précédents et ne saurait dépasser, dans le meilleur des cas, les 3000 dinars. Ces dernières s’appuient sur plusieurs paramètres pour calculer ce montant. Ainsi, des facteurs comme la hausse des prix des produits de première nécessité, l’enveloppe consacrée à l’opération et le nombre de familles ciblées par l’opération ont influé sur la valeur estimée.
«Les pouvoirs publics ont établi leurs calculs sur des indices qui ne sont pas actualisés. Le prix du litre d’huile a connu, depuis le ramadhan 2010, deux hausses successives, tout comme celui du sucre ou de la semoule qui sont pourtant des produits soutenus par l’Etat par le biais de l’exonération de la TVA induite par la loi de finances 2011.
Les calculs sont biaisés et c’est ce qui conduit aux écarts relevés entre les estimations des pouvoirs publics et celles établies par le mouvement associatif beaucoup plus proche des réalités du terrain», affirme la présidente d’une association oranaise qui justifie d’une longue expérience dans le pilotage de cette opération. Ceux qui remettent en cause la valeur estimée du couffin sont légion. Ils s’appuient sur la réalité du terrain qui ne permet pas de produire des indices fiables.
«Chaque année, c’est la même situation qui est vécue. On annonce une enveloppe destinée à financer un nombre déterminé de couffins, mais une fois lancée, l’opération montre l’étendue du fossé qui sépare la réalité des estimations.
C’est un grand nombre de familles qui glissent chaque année dans la pauvreté. Les services sociaux des communes, considérés comme l’élément primordial dans l’évaluation des indices sociaux, n’ont pas mené des enquêtes exhaustives qui permettent de mettre en place des mécanismes en mesure de rendre efficaces les aides sociales.
On calcule la valeur d’un couffin alors qu’on n’est même pas sûr que les prix des produits de large consommation ne vont pas subir de changement à l’occasion du mois sacré. Les packs alimentaires proposés ne contiennent pas uniquement des produits soutenus ou subventionnés par l’Etat, et c’est là une omission qui risque de compromettre la réussite de l’opération», estime le président d’une association à caractère social.
Plusieurs commerçants que nous avons approchés pour tenter de connaître une estimation proche de la réalité du terrain sont unanimes à reconnaître que le montant de 9000 dinars est exagéré. Même en prévoyant des augmentations des tarifs de certains produits, le prix d’un pack constitué de produits acquis en gros ne saurait dépasser les 4000 dinars. «Les packs alimentaires proposés sont constitués de produits soutenus par l’Etat et leur achat en gros écarte de facto la marge du détaillant.
Comment ont-ils fait pour estimer le couffin à 9000 dinars ?» affirme un grossiste qui a l’habitude de fournir en denrées alimentaires une APC de l’Ouest. Le même scepticisme est perçu auprès de certains élus qui ne manquent pas de subodorer une manipulation politique à la politique qui s’est installée. «Cette opération est le prélude aux grandes manœuvres politiques qui annoncent les prochaines échéances électorales.
Le couffin du ramadhan sera l’occasion poir les partis qui gèrent les assemblées communales d’entamer leur campagne de séduction en prévision des prochaines échéances. Les législatives, c’est dans quelques mois, et promettre des couffins à 9000 dinars est un bon coup médiatique même si tout le monde sait qu’à ce prix, les familles nécessiteuses sont en droit d’exiger en sus de la viande pour garnir le panier», note un élu d’Oran.
Et en attendant, plusieurs de nos interlocuteurs sont unanimes à dire que la valeur estimée du couffin n’est pas un indice révélateur sur la réussite de l’opération. «Il faut prendre en considération le nombre de familles ciblées par cette opération. Et quand on sait que les APC n’ont même pas de chiffres précis sur le nombre de familles nécessiteuses dans leur circonscription, on se dit qu’avec un pack à 20 ou 30 000, l’opération laissera sur le carreau la majorité de ceux qui en ont besoin», note un autre élu de la wilaya de Relizane.
Par F. Ben