Les attentats n’ont pas découragé les Algériens à se rendre en Turquie: Voir Istanbul et… mourir

Les attentats n’ont pas découragé les Algériens à se rendre en Turquie: Voir Istanbul et… mourir

Elle a été la destination favorite des Algériens. Elle l’est toujours. La Turquie, qui subit depuis plusieurs mois une série d’attentats terroristes, continue pourtant de séduire le touriste algérien qui, faute d’avoir des alternatives dans son propre pays, n’hésite pas à braver la tempête du terrorisme pour quelques jours de vacances dignes de ce nom.

les agences de voyages ont reconnu, certes, une légère baisse du taux de réservation vers cette destination, mais elles affirment qu’Istanbul draine encore un grand nombre d’Algériens. «Cette année, nous avons enregistré moins de 30% de réservations comparé à la même période de l’année dernière. Mais la majorité de nos clients choisissent encore la Turquie après la Tunisie», selon l’agence Just Easy.

Une autre agence de voyages qui a, elle aussi, enregistré une «petite» baisse, justifie ce recul par l’envie des touristes algériens de découvrir d’autres horizons. «Beaucoup d’Algériens se sont rendus au moins une fois dans les villes turques. C’est normal, je pense qu’il y a une baisse cette année», argumente un responsable de la communication de Voyager-luxe. D’autres évoquent la coïncidence du mois de Ramadhan et la deuxième session du bac.

«En ce moment, plusieurs familles sont prises non seulement par le mois sacré mais aussi par l’examen du baccalauréat. Ils n’ont pas encore fait leur choix. D’ailleurs, c’est une habitude, l’Algérien réserve toujours à la dernière minute», explique-t-on à Votre-Voyage.

Confinée dans un conflit avec les Kurdes et sa proximité avec la Syrie, la Turquie est depuis une année une cible prioritaire des terroristes. Le dernier attentat meurtrier a eu lieu au cœur d’Istanbul, mercredi dernier. Et pourtant, ceux qui ont déjà fait leur réservation avant cette attaque   n’ont pas renoncé à leur départ. «Nous n’avons enregistré aucune annulations de voyage», affirme Dima-Voyage. «Certes, la crainte hante toujours mon esprit et les nouvelles des attentats en Turquie ne sont pas évidemment pour me réjouir, mais je n’irai pas au point d’annuler mon voyage», témoigne un fonctionnaire qui a prévu son voyage pour le mois de juillet.

La compagnie aérienne turque a, quant à elle, augmenté son nombre de vols au départ d’Alger et Oran. «Le nombre de personnes qui se rendent à Istanbul ou qui y transitent n’a pas baissé cette année», assure un des chargés de communication de Turkish Airlines à Alger. Selon ses dires, le nombre de vols est de 21 par semaine au départ d’Alger et de 35 par semaine sur l’ensemble des départs.

Sept vols à partir d’Oran ont été additionnés pour cette saison estivale. Interrogé sur l’élément motivant qui a poussé la compagnie à programmer d’autres vols, notre interlocuteur dira que «c’est suite à la demande des agences de voyages. Elles nous communiquent leurs besoins en nombre de départs», précise-t-il. La compagnie a joué, également, sur les promotions pour maintenir sa clientèle.

«Actuellement, nous avons lancé une promotion sur les billets. Ils sont à partir de 38 000 DA pour tout départ en ce mois de Ramadhan vers la Turquie», cite pour exemple notre interlocuteur. Les prix pour le reste de la saison estivale sont restés les mêmes que ceux de 2015, c’est-à-dire 58 000 DA.

Sortir coûte que coûte     

Quitter le pays pour quelques jours est une «nécessité» pour les Algériens. La raison ? Elle est évidente : aucun lieu de détente ne leur permet de s’évader en famille, entre amis, ou en solo loin du stress quotidien. «Si on se réfère au risque du terrorisme, on ne sort pas de chez nous. Mais, qu’avons-nous en Algérie qui puisse nous retenir et de ne pas penser à partir ailleurs ?», justifie un citoyen sur le point de réserver pour le pays de «l’empire ottoman».

En effet, en Algérie, plus de 60% des hôtels étatiques ou privés ne répondent pas aux normes. Le prix d’une nuitée, en outre, dépasse l’entendement.

«Je voulais réserver dans un hôtel à Béjaïa, j’ai vite changé d’avis», témoigne un habitant de la capitale. Il nous explique que «non seulement l’hôtel, bien qu’étatique, est en état de dégradation très avancé, qu’il n’a ni piscine ni ouverture sur la plage, mais les prix, eux, sont hallucinants ! J’ai préféré, du coup, réserver à Sousse.»

Cette ville tunisienne, qui, elle aussi, a été ciblée par les terroristes, continue également d’accueillir par centaines les Algériens. Ironie du sort, les deux premiers clients après l’attentat en 2015 de l’hôtel Imperial Marhaba étaient des Algériens ! Voyager et mourir ne semble ainsi pas leur faire peur.