Oran va-t-elle devenir la ville des gladiateurs? Combien d’individus ont été arrêtés en possession d’armes blanches ? Combien de victimes ont perdu la vie ou ont été handicapées dans des bagarres à cause de la circulation de ces objets prohibés?
Combien de jeunes se transforment quotidiennement en véritables gladiateurs de la délinquance urbaine? Combien de quartiers ont été le théâtre de scènes horribles à Oran. Les réponses à ces questions ne sont nullement secrètes.
Les bilans rapportés par les différents services de sécurité de la wilaya d’Oran, à longueur d’années, témoignent de la gravité de la situation, devenue plus inquiétante que jamais. A la moindre bagarre, un climat de terreur s’installe au milieu des habitants. On n’est pas concerné, mais on a peur. Les armes blanches sont partout. Sur les individus, dans les voitures, les domiciles, les commerces et autres.
Même la gente féminine figure parmi les porteurs d’armes blanches. Les services de sécurité mènent de vastes opérations à la chasse des possesseurs d’objets tranchants. La lutte est acharnée, mais ces opérations demeurent insuffisantes. Le phénomène s’est ancré au milieu des jeunes et la solution mérite mille réflexions. Un phénomène qui sème la peur au ventre.
La lutte contre la délinquance, est certes plus intense que par le passé. Mais cela n’empêche pas, que les victimes des coups et blessures volontaires, sont enregistrées quotidiennement au niveau des différents services des urgences. Leur nombre a dépassé parfois la dizaine de victimes en une seule soirée au CHU d’Oran seulement. Les arrestations sont plus nombreuses que l’on ne pense. A prendre comme exemple ce mois d’octobre.
Pas moins de 77 individus se sont retrouvés derrière les barreaux pour port d’armes prohibées, dont un grand nombre de repris de justice. Un chiffre qui ne concerne que la wilaya Oran. Plus grave encore, le citoyen n’est pas le seul face au danger des armes blanches. Les hommes de loi sont eux aussi confrontés quotidiennement au risque de se retrouver face à un malfaiteur qui ne recule devant rien. Les exemples ne manquent pas.
On cite l’affaire des trois policiers blessés par un voyou à l’aide d’une épée, à Saint Charles, Miramar et à la cité dite «Sardina» durant le mois de ramadhan dernier. Ce voyou a été par la suite arrêté, jugé et condamné à un an de prison ferme. Un jugement qui a été considéré très clément par une des victimes qui a fait appel.
Il y a bien eu des cas où les arrestations ont été interrompues, lorsque les malfaiteurs en possession de lourdes armes blanches, deviennent une menace. La préservation des vies humaines oblige. Les policiers craignent les bavures et les malfaiteurs sont bien conscients de cette crainte, alors ils se lancent dans la provocation.
Contrairement à ce que l’on croit, l’arme à feu n’est plus une protection pour les hommes de loi. Son utilisation dans les affaires de lutte contre la délinquance, risque de mettre le policier dans une situation embarrassante, condamnable par le code pénal. Une situation qui transforme d’une minute à l’autre un dangereux malfaiteur en une victime.
Outre le monde de la délinquance, les armes blanches ont aussi été utilisées dans les établissements scolaires et les institutions publiques officielles. On cite entre autres, les hôpitaux, les services de l’état civil. A titre d’exemple, pas moins de 1000 affaires liées à des agressions sur des fonctionnaires ont été enregistrées à l’échelle nationale, durant les six premiers mois de l’année 2010.
Depuis, le phénomène est toujours en pleine croissance. Dans toute cette histoire, on parle toujours de porteurs d’armes blanches, mais jamais de fabricants. Ces derniers sont généralement des tôliers, des ferronniers, des tourneurs et autres. Sinon, d’où proviennent ces épées et coutelas «Bouchias» fabriqués artisanalement. Alors, où est la faille ???
La législation, la stratégie de lutte contre la délinquance, l’école, la famille… Les spécialistes en la matière, auront certainement beaucoup à faire, pour que le citoyen puisse vivre dans un climat de tranquillité. Un climat lui permettant de se débarrasser des fenêtres barreaudées à longueur d’année et d’économiser les dinars dont il est contraint de remettre aux gardiens illégaux de voitures quotidiennement.
A.Kader