Le concours d’architecture doit être débarrassé du critère du «moins-disant», qui favorise les facteurs coût et délai
«Les pouvoirs publics n’accordent aucune importance à l’oeuvre architecturale et marginalisent les architectes en faisant d’eux de simples sous-traitants des entreprises», ont indiqué les conférenciers.
Les architectes agréés de Béjaïa sont mécontents de la ligne politique que les pouvoirs publics leur ont réservée dans le développement architectural et urbanistique du pays. Ils l’ont fait savoir hier par la voix des membres du bureau de leur syndicat lors d’une conférence de presse. Situant le contexte de cette sortie publique et la création du syndicat (Syndicat national des architectes agréés algériens), Synaa, le président du bureau de Béjaïa, M.Hassen Yahiaoui dira d’emblée, que «notre syndicat est venu pour combler le vide existant au sein de l’ordre des architectes et non pour contrecarrer ce dernier».
Plus précisément «le Synaa est créé pour défendre les intérêts moraux et matériels des architectes algériens agréés», explique-t-il comme pour couper court à toute interprétations qui pourrait en découler.
Se sentant marginalisés, sous-rémunérés, les architectes se sont donc organisés pour soulever dans un premier temps quatre revendications, jugées en mesures d’améliorer la profession et lui redorer son blason. Mettant en valeur «la nécessité d’une architecture de la qualité» et partant d’un constat d’ «une gestion inappropriée des projets étatiques», le conférencier ciblera directement le barème de rémunération de la mission de suivi et contrôle des travaux, qui reste à ses yeux «un gage pour la qualité architecturale». Estimant que «le volet de la maîtrise d’oeuvre est dévoyée de son objectif par une gestion de projet inappropriée» à travers notamment, «les avis d’attribution, les cahiers des charges des concours d’architecture et autres consultations», le conférencier propose l’arrêté interministériel du 4 juillet 2001, qui sert d’ «échappatoire» aux maîtres de l’ouvrage pour «ne pas répondre de la responsabilité du choix qui leur incombe». A ce titre, le Synaa revendique une révision urgente de la partie variable des honoraires de maîtrise d’oeuvre. Il dénonce ce qu’il appelle «une forme de privatisation» de la commande architecturale publique «nantissant l’entreprise de réalisation» du pouvoir de faire de l’architecte «un sous-traitant», rejetant de fait la formule «étude et réalisation», telle que pratiquée dans l’offre publique.
«Les pouvoirs publics doivent appliquer la loi et mettre un terme à cette pratique», souligne, de son côté, Nacer Boutrid, membre du conseil national de Synaa.
Le concours d’architecture doit être débarrassé du critère du «moins-disant», qui favorise les facteurs coût et délai au détriment de l’oeuvre architecturale qui, estiment les conférenciers, «doit être priorisée».
Toujours dans le même contexte, les architectes revendiquent la «budgétisation» des concours afin que tout participant puisse récupérer ses dépenses mêmes s’il n’est pas retenu. Pour se faire entendre, les architectes de Béjaïa comptent interpeller les pouvoirs publics sur toutes ces questions en faisant valoir des propositions juridiques pour améliorer la législation en la matière, se constituer en partie civile pour dénoncer les entraves à la profession, dont la concurrence déloyale pour mettre de l’ordre dans la profession.
Bref, un vaste programme qui n’y est pas sans dénoter la volonté des architectes agréés pour améliorer leurs conditions d’exercice, et par voie de conséquence, la qualité du bâti et l’urbanisme en Algérie.