Prévues avant la fin de l’année – c’est déjà demain – les élections communales et wilayales approchent à grands pas. Aussi, est-il légitime de s’interroger sur le fait de savoir si le gouvernement a tiré les leçons des dernières consultations électorales afin de rectifier le tir? On en doute, dès lors que les institutions en charge du scrutin ont toujours attendu les dernières minutes pour exhorter les Algériens à faire leur «devoir» citoyen, avec en toile de fond la hantise de l’abstention.
Toutefois, élire des hommes et des femmes pour diriger les collectivités locales (communes et wilayas) ne saurait être l’unique cible d’un scrutin électoral. Dès lors, il serait plus rationnel et moins onéreux pour l’Etat que de nommer directement des hommes et des femmes à la tête des mairies épargnant ainsi aux électeurs une parodie qui a dilué les rôles des APC et leur raison d’être.
L’échec des APC et de leurs gestionnaires est patent comme l’illustrent les défaillances en surmultiplié de nos communes et de nos édiles. De fait, ces hommes – intronisés à la tête de nos communes – ne sont guère intéressés des réalités de l’Algérie profonde, tout comme elles sont ignorées et méconnues par des politiques plus soucieux d’assurer leur carrière que réellement préoccupés par les dysfonctionnements et les manques qui sont le lot des communes algériennes.
Or, les élections communales, élections de proximité par excellence, ont un autre impact que celles des législatives ou de la présidentielle, car plus directement en rapport avec le quotidien des citoyens. Il est donc important d’aborder, d’une manière ou d’une autre, le désintérêt dont fait montre la population envers la chose publique.
Après avoir été l’un des peuples les plus politisés dans le monde, les Algériens cultivent désormais un apolitisme plus ou moins ostensible. Au grand dam d’un gouvernement qui n’en peut…mais! Ce qui explique – en partie – la récurrence de l’abstention, devenue la monomanie de l’administration. Or, il y a cause à effet dès lors que cette dernière a quelque part une responsabilité dans le désintérêt des électeurs pour le vote notamment. A force de dépolitiser la composante des Assemblées populaires communales (APC), à force de leur imposer un schéma technique, d’encadrer les maires dans un carcan étouffant, ces derniers se sont retrouvés coupés de leurs administrés, désarmés face à la chose publique, impuissants à accomplir leur mission et incapables d’initiatives. Cela, du moins on le présume, le gouvernement devait le savoir qui maintient [vaille que vaille] la séparation entre le fait politique et le fait administratif.
Or, le maire est un administrateur de «catégorie A», c’est-à-dire une personnalité politique. Or, en Algérie, ce n’est pas le cas. Il n’existe pas d’homme (de femme) politique qui se soit investi en tant que tel pour diriger une commune en Algérie. Ce constat peut être fait pour ce qui est des législatives où aucun «leader» de parti n’a trouvé «politique» de prendre la tête de son parti pour la députation ou pour les communales. Aussi, cet état de fait – la rupture avec le fait politique – était prescrit par ceux-là même qui déplorent l’absentéisme répétitif des Algériens aux scrutins électoraux qui, souvent, engagent pour la durée l’évolution de la société algérienne. Les élections (locales et législatives) de ces dernières années ont largement montré l’indifférence persistante des Algériens envers le fait politique. Ce qui ne va pas sans fausser des scrutins qui se veulent ouverts et transparents et en osmose avec les citoyens. C’est loin d’être le cas.
D’autre part, il y a cette inconsistance des pouvoirs attribués par les textes de loi aux Assemblées communales et plus généralement aux édiles nationaux. Dit plus clairement, les maires en Algérie – perçus par l’Exécutif comme des techniciens appliquant les décisions émanant de l’administration – n’ont pas les prérogatives qui auraient dû échoir aux responsables municipaux. En fait, le maire algérien est totalement dépourvu de pouvoir quand ailleurs dans le monde, il peut être un candidat potentiel à la magistrature suprême. De même, les APC et les APW ne disposent pas de l’aptitude de répondre aux doléances de leurs administrés.
Par ailleurs, le Code communal et de wilaya et le Code électoral, compliquent (à dessein?) la donne, induisant la confusion, comme cela a été le cas lors des élections municipales de 2012. Le fait que les chefs de partis politiques ne postulent pas eux-mêmes à la direction d’une ville, en dit long sur la méconnaissance de la commune: la base d’une gestion républicaine et la vitrine de l’Etat de droit… Ainsi, du spectre de l’abstention aux prérogatives qui doivent être celles des APC, il y a en fait comme un défaut. Rien n’indique qu’en novembre prochain le scénario communal soit revu et corrigé.