Les anciens dirigeants de l’ex-Fis s’agitent pour réinvestir la scène politique,Les vieux démons de retour?

Les anciens dirigeants de l’ex-Fis s’agitent pour réinvestir la scène politique,Les vieux démons de retour?

Hachemi Sahnouni se montre très actif pour rassembler les salafistes

Farouk Ksentini a redonné du grain à moudre à cette polémique dont raffolent les islamistes en mal de médiatisation.



A trois mois des élections législatives, les manoeuvres ont commencé. Les vraies et les fausses. Le dossier de l’ex-FIS dissous, qu’on croyait définitivement clos, en fait partie. Intervenant à l’émission «100% politique» de la Radio algérienne internationale, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, a redonné du grain à moudre à cette polémique dont raffolent les islamistes en mal de médiatisation. Parlant des dispositions de la loi organique sur les partis politiques relatives à l’interdiction d’activité politique des personnes directement impliquées dans la tragédie nationale, le président de la Cncppdh a souligné qu’il s’agit d’une disposition explicite dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.

M.Ksentini a toutefois souligné qu’il est nécessaire de trancher définitivement la question du retour à l’activité politique de ces personnes du fait que cette disposition «est antinomique» avec le Code pénal qui limite l’interdiction d’exercice des droits civils et civiques à une personne à 10 ans. Or, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ne comporte aucune disposition qui délimite dans le temps la durée de cette interdiction. C’est dans ce sens que M. Ksentini a plaidé à lever cette contradiction qui existe entre le Code pénal et la Charte. Cette déclaration intervient au moment où le président du MSP, Bouguerra Soltani, annonce des initiatives pour l’unification des rangs des islamistes et rentrer avec des listes communes en prévision des prochaines élections législatives. «Des contacts ont été établis avec tous les partis agréés. D’autres contacts seront établis avec les autres islamistes qui seront agréés prochainement. Je dirais que des contacts sont en cours même avec les anciens de l’ex-FIS. Je ne parle pas des repentis, mais de tous ceux qui ont assaini leurs situations avec la justice. Pour ces gens, la loi ne leur interdit pas de militer dans un parti politique», a déclaré M.Soltani (lire l’entretien qu’il a accordé à L’Expression). Par ailleurs, il y a comme une contradiction entre le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia et M.Ksentini. A quoi obéit cette contradiction sur une question que l’on croyait définitivement tranchée? Interpellé, il y a quelques jours, sur cette question, à la Radio nationale, M.Ould Kablia a rappelé que l’ex-FIS a été dissout par voie judiciaire pour «les raisons que l’on connaît». Pour ce qui est de l’interdiction de toute activité politique des ex-dirigeants de ce parti, le ministre a fait observer que «ce n’est pas l’actuelle loi (sur les partis) qui a tranché, mais plutôt l’ordonnance de 2006 portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui avait interdit l’activité politique aux commanditaires du mouvement séditieux violent contre les institutions et attributs de l’Etat, de même pour ceux qui se sont rendus coupables de crimes collectifs». Le ministre a expliqué, à ce propos, que «mis à part les membres du parti dissous cités dans l’ordonnance de 2006, il y a des militants de ce parti qui n’ont rien perdu de leurs droits civils et politiques. Ces derniers peuvent mener une activité politique à condition de ne pas créer un parti», a-t-il tranché. C’est la raison pour laquelle «la liste des membres fondateurs du parti sera examinée au cas par cas», a-t-il poursuivi.

En fait, la polémique sur le retour «des vieux démons» ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à au moins une année. Elle est née à la suite des déclarations faites, en mai 2011, par El Hachemi Sahnouni, un des fondateurs de l’ex- FIS (Front islamique du salut) et selon lesquelles le Président Abdelaziz Bouteflika «signerait un décret présidentiel visant la libération des prisonniers islamistes». Ce à quoi le Premier ministre Ahmed Ouyahia a répliqué, le 29 mai 2011 dans une conférence de presse, en réfutant officiellement les allégations de M.Sahnouni. Deux mois plus tard, Ali Benhadjar, ancien numéro un de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad, sort de sa réserve et affirme, convaincu, que le retour du FIS dissous n’est qu’une question de temps. C’est dire que les propos de M. Ouyahia n’ont pas calmé la rumeur.

Cinq mois plus tard, elle revient à la surface. En octobre 2011, c’est le responsable de la cellule de communication du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, Ada Fellah, qui jette un pavé dans la mare. Cet ex-député et membre du conseil de la création, en compagnie d’autres personnes, de ce qu’ils appellent «le comité d’accueil des exilés de l’ex-FIS dissous», littéralement en arabe «ladjenat istikbal al maghdhoubin aâlayhoum» durant les années 1990. Depuis, les anciens de l’ex-FIS dissous multiplient les déclarations de plus en plus agressives, notamment à faveur du Printemps arabe qui a mené des gouvernements islamistes au pouvoir.