Des Américains à la rescousse de l’agriculture algérienne
Ce flou est d’autant plus épais quand Abdelkader Kadi, le nouveau ministre de l’Agriculture, lui-même en rajoute une couche…
L’Algérie sera-t-elle l’Argen-tine de l’Afrique avec des champs d’OGM à perte de vue? Allons-nous vers l’agriculture transgénique, tant décriée mais qui fait la richesse de ce pays d’Amérique du Sud en lui permettant de cultiver de très grandes surfaces sans grand besoin de main-d’oeuvre? Les Américains feront-ils donc de l’Algérie le nouvel «eldorado» des organismes génétiquement modifiés? Un dossier qui fait très peur au vu de la volonté affichée, ces derniers mois, par l’oncle Sam envers l’agriculture dans notre pays! Ce flou est d’autant plus épais quand Abdelkader Kadi, le nouveau ministre de l’Agriculture, lui-même, en rajoute une couche.
Interpellé en marge du Forum d’affaires algéro-américain dans le domaine de l’agriculture à l’hôtel Hilton d’Alger sur l’éventualité de voir l’agriculture transgénique en Algérie, notamment le maïs, le ministre a livré cette réponse brève et concise.«Tout ce qui est transfert sera fait…», a t-il répondu. «Il y’a un avenir très, très, très favorable aux Algériens dans le domaine de l’agriculture. Il y a une amélioration déjà qui a été faite et on veut améliorer plus pour aller vers une agriculture plus moderne!», a-t-il expliqué. Peut-on comprendre par cette réponse que les dés sont jetés pour ce genre d’agriculture en Algérie? Surtout que l’expérience américaine dans le domaine est de notoriété publique. Les semences génétiquement modifiées (GM) sont disponibles depuis 1996 aux Etats-Unis. Aujourd’hui, les cultures de maïs, de soja et de coton GM constituent l’écrasante majorité des parcelles cultivées avec des organismes génétiquement modifiés (OGM). «En 2013, quelque 56 millions d’hectares (130 millions d’acres) étaient plantés de cultures transgéniques, soit la moitié des terres cultivées aux Etats-Unis.»
Tel est le constat dressé, en 2014, par le ministère de l’Agriculture des Etats-Unis qui a réalisé le bilan de plus de 15 ans de culture de plantes génétiquement modifiées (PGM). Au-delà de leur progression fulgurante, le document de 60 pages pointe les premières conséquences environnementales, notamment en matière de résistance des adventices.
Pour certaines cultures, les OGM tolérants aux herbicides sont quasiment devenus la norme. En 2013, 93% des surfaces plantées en soja l’ont été avec des variétés GM tolérantes aux herbicides et tout particulièrement au glyphosate. La surface plantée avec des OGM de ce type représentait 85% de l’ensemble des surfaces dédiées au maïs et 75% de celles plantées en coton. Quant aux semences résistantes aux insectes (Bt), leur culture s’étend sur 75% de la surface agricole des Etats-Unis. Le maïs Bt couvre ainsi 76% des surfaces consacrées à cette culture. L’Algérie et son vaste territoire vierge représente donc le territoire propice pour ce genre d’agriculture «moderne»…Si les OGM venaient donc à faire leur entrée en Algérie, cela ferait certainement grincer des dents avec la polémique qu’ils suscitent à travers le monde… Certains, les voient comme un moyen de protection de l’environnement en utilisant moins de pesticides, réduction des pertes agricoles et donc un meilleur accès à l’alimentation dans le monde, moins d’eau utilisée, faire progresser la médecine… Alors que les détracteurs de cette agriculture, confrontés aux dernières études en la matière la voient comme un danger réel sur l’homme et son environnement. Il leur reproche de provoquer certains cancers, de polluer la terre et les nappes phréatiques, mais aussi de provoquer le chômage dans l’agriculture du fait que ce genre de plantation demande le strict minimum en termes de main-d’oeuvre. Il se pourrait donc que l’on assiste à la naissance d’une nouvelle polémique nationale… Wait and see?