Sous le thème «Quelle microfinance pour développer les très petites et petites entreprises en Algérie», le ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements a suscité le débat lors d’une conférence internationale, organisée hier à l’hôtel Sheraton, notamment sur le rôle du financement des PME dans un marché algérien, arabe et maghrébin dans le développement durable.
En raison de son caractère spécifique de créateur de richesses et d’emploi, les PME jouent un rôle important dans la valeur ajoutée et la part dans le produit intérieur brut en Algérie, notamment dans les secteurs industriel et agroalimentaire.
Le directeur général de la PME au ministère de l’Industrie, Ammouri Brahiti, a mis en relief l’importance de ce mode de financement pour le soutien aux entreprises de 10 salariés sachant que 97% des PME algériennes sont exclues du financement classique des banques, allant de la phase de création au stade de développement.
Pour les autorités algériennes en charge des PME : « L’essentiel consiste à établir un panorama général de la microfinance en extrapolant les expériences des pays du Maghreb et en précisant un cadre législatif et règlementaire ». Selon Brahiti qui a lu un message du ministre de l’Industrie, « il s’agit de lancer un débat de fond, essentiellement autour de la démarche à entreprendre pour l’introduction de la microfinance en Algérie en examinant l’opportunité de l’insérer au sein de la sphère bancaire et financière, ou de l’introduire dans le cadre d’une démarche institutionnelle similaire à celle des systèmes des fonds et agences.
Ou alors envisager une troisième voie consistant à mettre en place un cadre légal et règlementaire propre à cette activité venant enrichir l’offre bancaire et celle des agences et fonds publics ».
Intervenant pour donner un aperçu et clarifier la politique allemande de promotion de la microfinance en Algérie, la ministre conseiller à l’ambassade d’Allemagne à Alger, Monika Iwersen, a indiqué que « l’objectif de cette conférence sur la microfinance est de construire un partenariat fructueux avec le ministère algérien de l’industrie, de la PME et de la promotion des investissements, notamment avec la coopération et la collaboration du ministère allemand de la coopération économique et du développement et l’organisme de développement durable germanique GIZ. Cette rencontre intervient dans un contexte où les autorités politiques et financières s’intéressent aux solutions durables pour la prospérité et le bien-être des populations algériennes ».
Connaître les besoins et les spécificités des PME algériennes
L’Allemagne veut, ainsi, transposer son modèle de développement des petites entreprises par la microfinance pour l’Algérie en expliquant la réussite de ce mode de paiement dans les différents lands allemands.
En effet, elle a souligné que
« l’Allemagne possède le tissu le plus dense de PME en Europe qui représente plus de 96 % des entreprises sachant que la plupart des petites et moyennes entreprises sont familiales », ajoutant que « la PME joue un rôle primordial pour la multiplication d’emplois et c’est un pilier indispensable dans notre économie ». Les promoteurs algériens et allemands de cette conférence s’efforcent notamment de faire bénéficier les PME algériennes du transfert de technologies et du savoir-faire des micro-entreprises allemandes en construisant un système novateur de PME et en mettant en place un partenariat gagnant-gagnant. Ainsi, Iwersen estime que les relations économiques et commerciales algéro-allemandes ont connu une intensification viable et un bond qualitatif en 2010, en ce sens que des visites de délégations d’industriels et investisseurs germaniques en Algérie ont permis de concevoir des formes de partenariat mutuellement bénéfiques.
Les visites d’entrepreneurs et spécialistes allemands en matière d’énergies renouvelables au Maghreb et en Algérie en mars 2011 ont porté leurs fruits dans la mesure où les firmes allemandes possèdent de hautes technologies et un savoir-faire importants, selon elle.
« Le ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi a examiné, lors de sa visite récente en Allemagne, avec la commission économique mixte algéro-allemande, les opportunités de partenariat et l’évolution des échanges entre nos deux pays en renouvelant la confiance mutuelle entre l’Allemagne et l’Algérie » a-t-elle affirmé. Le crédo des autorités allemandes, selon cette intervenante, « consiste surtout à permettre aux hommes et femmes politiques d’Allemagne et aux hommes d’affaires de tous les lands de mieux connaître les besoins et les spécificités des PME algériennes afin d’apporter le soutien et l’expertise durable pour le développement ».
Le représentant personnel de Mohamed Benmeradi a insisté sur la nécessité de développer la microfinance dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) sachant que la PME représente plus de 80 % du tissu algérien industriel et occupe 56 % de la population active en créant 35 % de la valeur ajoutée. Pour le ministère de l’Industrie, l’important c’est d’encourager l’initiative privée et les hommes d’affaires en ce sens que pas moins de 620.000 PME activent en Algérie en 2010 en employant 1,6 million de travailleurs, soit plus de 28 % de plus qu’en 2009.
L’Etat algérien a consenti un montant de 450 milliards DA pour la réorganisation du secteur des grands groupes industriels tandis que le plan de développement du groupe pharmaceutique Saidal a nécessité un pactole de 16 milliards DA, notamment pour la construction de 6 nouvelles unités. Pour ce qui est de la filière mécanique, elle s’est dotée d’un budget de l’ordre de 44 milliards DA. La stratégie de dynamisation des PME a mobilisé des ressources financières évaluées à 386 milliards DA pour les cinq prochaines années en créant 200.000 PME et avec option pour générer 20.000 autres PME.
Par : Amar Aouimer