Les Algérois y font leurs emplettes en prévision de l’Aïd el-fitr, Le marché de Bab Azzoun pris d’assaut

Les Algérois y font leurs emplettes en prévision de l’Aïd el-fitr, Le marché de Bab Azzoun pris d’assaut

De loin, le lieu ressemble à une grande foire au vu de l’ambiance et de l’animation qui y règnent. Le brouhaha est entendu jusqu’au square Port-Saïd.

Dès les premières heures de la soirée, le marché de Bab Azzoun est pris d’assaut par des familles venues faire les achats de l’Aïd. Il est difficile, en effet, de se frayer un chemin dans cet espace commercial connu pour les prix raisonnables qui y sont pratiqués. Des citoyens, qu’ils soient à faibles ou à moyens revenus, tentent, tant bien que mal, de réaliser les vœux de leur progéniture dans les limites de leur budget. «Ici, on peut faire le bonheur de nos enfants sans porter un coup au portefeuille, déjà épuisé par les dépenses du ramadan.

«Le zawali, lui, n’a d’autre choix que ce marché où les prix sont à sa portée», affirme un père de famille accompagné de son épouse et de ses trois petits enfants, qui porteront pour cet Aïd des vêtements fabriqués localement.

«Nous avons fait comprendre à nos enfants que notre budget ne suffira pas pour leur acheter des vêtements importés. Dieu merci, ils ne sont pas très exigeants», intervient l’épouse, qui négociait une ristourne avec un jeune commerçant sur le prix d’un tee-shirt que son fils cadet tenait à porter.

Le grand espace est bondé de monde. Là, les mots «Saâdena chwiya (Arrange-nous un petit peu)», «Ahna zawalia (Nous sommes pauvres)», «Khelouna enfarhou lewlad (Laissez-nous rendre les enfants heureux)…», sont prononcés par la quasi-totalité des clients.

On reconnaît facilement les parents qui ne peuvent acheter à leurs enfants des vêtements de marque à cause de leurs maigres revenus rien que par l’expression de dépit qui se dessine sur leurs visages. «Je n’ai que ces deux enfants et, Dieu sait combien je voudrais qu’ils sortent le jour de l’Aïd avec des vêtements d’importation. Mais je ne peux faire des achats qu’en fonction de mon budget…», regrette Saïd, la quarantaine, agent de sécurité dans une entreprise privée. La réputation du marché de Bab Azzoun attire des familles des quatre coins de la capitale, mais aussi ceux habitant les wilayas limitrophes, notamment Blida et Tipasa.

En témoignent les plaques d’immatriculation des voitures stationnées aux alentours. C’est le cas de cette famille venue de Hadjout, dans la wilaya de Tipasa. «Nous avons rompu le jeûne chez des parents habitant à Bab El-Oued et nous avons tenu à profiter de cette opportunité pour acheter les vêtements de l’Aïd pour nos enfants. Je ne vous cache pas que nous avons bien calculé notre visite familiale, tenant à joindre l’utile à l’agréable», témoigne le père de famille. «Mon salaire ne dépasse pas les 22 000 DA et ma femme ne travaille pas. Nous avons été contraints de limiter nos dépenses au maximum durant ce mois pour pouvoir acheter des vêtements à nos enfants», ajoute notre interlocuteur, habitué à ce marché, dit-il, depuis plus de dix ans.