Les nombreux cas d’enlèvements et de harcèlements révèlent des maux de la société algérienne: misère sexuelle, drogue et mal-logement.
Haroun et Ibrahim avaient respectivement 10 et 9 ans. Après avoir disparu pendant plusieurs jours, leurs corps mutilés ont été retrouvés sans vie à Constantine, ville désormais meurtrie par ce drame. A la consternation s’ajoute évidemment l’incompréhension.
«Comment peut-on s’en prendre de la sorte à deux gamins innocents, pleins de vie et qui n’ont jamais fait de mal à une mouche», s’insurge Seïf Ghanem-Lakehal, un employé dans une entreprise privée.
Le 17 mars, des milliers de jeunes se sont rassemblés dans le centre-ville de Constantine pour crier leur colère et leur volonté de voir les responsables de ce crime jugés. La foule chauffée à blanc réclamait même la mort des assassins.
Une réclamation jugée «mauvaise» et «facile» par le sociologue algérien Nacer Djabi.
«La solution pour eux serait donc d’éliminer les deux tueurs et qu’on n’en parle plus», ajoute-t-il.
D’après lui, il est nécessaire que le pouvoir politique s’intéresse à la misère des jeunes, celle qui peut pousser à commettre de tels actes: la drogue, la gestion des villes et la misère sexuelle. Les kidnappings d’enfants, les viols, les agressions sexuelles et les assassinats révèlent que les Algériens «vivent une misère sexuelle extraordinaire», analyse-t-il dans un entretien accordé au site d’information Tout sur l’Algérie.
«Il ne faut pas se voiler la face. L’Algérien n’arrive plus à se marier et à satisfaire ses besoins sexuels dans un cadre plus ou moins légitime. Donc, la perversion se manifeste de plusieurs manières, dont la méchanceté et l’agression contre les femmes. On vit dans une société où les gens qui n’ont pas d’argent, de voitures ou d’appartements vivent une misère sexuelle extraordinaire.»
Une analyse saluée par l’éditorialiste du quotidien Liberté qui regrette toutefois que le pouvoir politique prenne seulement des mesures d’urgences. Or les maux de la société algérienne sont tenaces et demanderaient une politique publique plus «réaliste».
«Quand un savant parle et dit qu’il faut avoir une politique claire contre la drogue, régler le problème sexuel des Algériens et humaniser ces quartiers qu’on construit, tout le monde feint de ne pas avoir entendu. Pourtant, ce que rappelait le professeur Nacer Djabi, sur Tsa-algérie.com, semble d’une frappante évidence.»
Lu sur TSA, Liberté Algérie