Un président très proche de son peuple
«En tant qu’Algériens, nous sommes fiers de vous avoir eu comme ami. Adieu Chavez.»
La mort d’Hugo Chavez a provoqué une véritable émotion chez le peuple algérien. «El comandante» a été au centre des discussions, que ce soit dans la rue algérienne ou sur la Toile. D’ailleurs, l’annonce de son décès a même éclipsé le match de Ligue des champions Manchester United-Real Madrid. La mort d’Hugo Chavez avait ainsi été relayée à travers les réseaux sociaux.
Les «RIP El comandante» (Requiescat In Pace (repose en paix) était de mise. Même ses photos ont plusieurs fois été partagées par les internautes. Certains sont même allés jusqu’à remplacer les leurs par sa photo. Mais pourquoi M.Chavez a suscité autant d’émotion chez les Algériens, plus que la mort de présidents plus proches de nous? «Chavez était loin de nos yeux, mais proche de nos coeurs», affirme Fethi, un jeune architecte. La réponse de Fethi est lourde de sens car elle résume parfaitement la situation.
«On se sent proche de son idéologie. En plus, c’est un homme qui s’est toujours battu contre l’impérialisme et le néo-colonialisme. Il a toujours défendu les peuples africains et arabes ainsi que les grandes causes», affirme, pour sa part, Karima. Cette fonctionnaire qui se dit abattue par la disparition de Chavez, rappelle que ce dernier avait pris position pour le Monde arabe, beaucoup plus engagé que les Arabes eux-mêmes. Sofiane partage l’avis de Karima. Il voit même Chavez comme le dernier défenseur des pauvres et des causes justes. «Chavez a toujours pris la défense des opprimés. C’est ce qu’il fait qu’il mérite notre total respect. Repose en paix Hugo», réplique-t-il.
Otmane va jusqu’à dire qu’Allah yarhamou car pour lui, il était musulman plus que les dirigeants du Monde arabe. «Je n’oublierais jamais l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël à Caracas et la rupture des relations diplomatiques avec l’Etat sioniste, lors de l’agression contre les Palestiniens à Ghaza. Mille mercis, Monsieur, et qu’Allah donne le repos à ton âme», rappelle-t-il.
Mehdi, lui, se remémore quand Chavez a insulté George Bush aux Nations unies le traitant de Satan. Pour lui, cela a été un acte des plus courageux. En plus du courage, Chavez est pour Mehdi un homme qui «a donné l’argent du pétrole aux pauvres de son pays. Chavez a beaucoup de considération pour la Palestine. Chavez est un homme avec un grand H», estime-t-il.
Aâmi Omar, lui, admire Chavez pour son nationalisme. «Ce qu’il a réussi à faire au Venezuela en redistribuant équitablement les richesses, peu de chefs d’Etat de par le monde ont réussi à le faire», soutient-il. Mais ce n’est pas la seule chose qui fait que Aâmi Ali se sente proche de Chavez. «Il me rappelle de bons souvenirs. Les souvenirs de l’Algérie des années 1970», souligne-t-il.
«La nationalisation des hydrocarbures qu’il a faite nous rappelle celle faite par Boumediene. Les acquis sociaux du peuple vénézuélien nous rappellent les nôtres pendant cette époque. Les positions de non-alignement de Chavez rappelle celle de Boumediene. Même le charisme des deux hommes est le même», estime-t-il sur un ton empreint de nostalgie.
Soumia, elle aussi admire Chavez pour sa proximité avec l’Algérie. Mais contrairement à Aâmi Omar, c’est à cause de ses prises de positions claires en faveur de notre pays. «Il était venu à plusieurs reprises nous rendre visite, ce qui prouve le respect qu’il avait pour notre pays. Alors, à notre tour de lui rendre la part des choses et souhaitons qu’il repose en paix», assure-t-elle non sans faire savoir que sa mort lui a appris beaucoup de choses sur les relations particulières qu’il a eues avec l’Algérie. «J’ai lu sur les colonnes de la presse qu’il avait un rôle prépondérant dans la sauvegarde de notre souveraineté nationale en déconseillant au Président Bouteflika de privatiser Sonatrach et Mobilis et ainsi empêcher le traître de Khelil de brader le pays aux impérialistes», réplique-t-elle avec colère. «C’est pour ces raisons que je demande à tout Algérien qui aime son pays d’avoir une pensée pour cet homme qui nous a aimés et respectés», poursuit-elle.
Amar lui aussi demande à ce que Dieu ait pitié de son âme. «La résistance a perdu l’un des meilleurs hommes et les troupes sont tristes. En tant qu’Algérien, je suis fier d’avoir été votre ami. Mon Dieu, donnez-nous un Chavez algérien», souhaite-t-il avant de conclure: «Vous resterez l’ombre de notre pensée. Adieu Chavez.»