Les Algériens souhaitent des options bancaires islamiques étendues

Les Algériens souhaitent des options bancaires islamiques étendues
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L’Algérie a besoin de réformes légales pour encourager la croissance de la finance conforme à la charia, ont conclu banquiers et spécialistes des affaires à l’issue d’un sommet organisé le lundi 11 avril à Alger.

Les participants à ce forum El Moudjahid ont souligné que le fait d’autoriser le secteur à s’étendre permettra de réduire le chômage et de créer de nouvelles entreprises. La finance islamique représente actuellement un pour cent de l’activité bancaire en Algérie.



Fouaz Sid, un cadre de la filiale algérienne de la banque française Société générale, espère que les aménagements juridiques à apporter au système bancaire permettront de mieux diversifier les produits financiers.

« Nous souhaitons pour cela l’application d’aménagements juridiques en mesure de rendre tout produit conforme à la charia au même niveau de compétitivité que les produits classiques. Cela sera pour nous un ancrage légal qui nous incitera à diversifier les produits financiers en Algérie », a-t-il expliqué.

Mardi, le président du groupe parlementaire du MSP, Mohamed Said Boubekeur, a demandé aux banques traditionnelles d’ouvrir des guichets réservés aux opérations bancaires islamiques.

Cela « ne signifie aucunement l’annulation des opérations bancaires traditionnelles en vigueur, mais plutôt leur renforcement avec un autre type d’opérations conformes à la charia », a-t-il indiqué.

L’une des dispositions proposées par les financiers islamiques pour éviter l’usure est la Murabaha, un contrat d’achat et de revente dans lequel la banque achète à un fournisseur un bien matériel à la demande de son client, le prix de revente étant fondé sur le coût à laquelle s’ajoute une marge bénéficiaire.

D’autres outils financiers comprennent le Salam, contrat d’achat comportant la livraison différée des marchandises. Pour le financement agricole, l’Istisnaa est un instrument de financement avant livraison, tandis que le crédit-bail peut être utilisé pour le financement de projets à long terme. Les autres options sont le Qard Hassan (prêt gracieux), un contrat de prêt sans intérêt généralement adossé à un instrument de quasi-dette, et l’Ijarah, un contrat de crédit-bail par lequel une partie loue un bien pour un loyer et une échéance déterminés.

Dans le cadre de ces mécanismes, « toute rentabilité financière doit être justifiée par une rentabilité économique », a expliqué Sid.

Le balbutiement de la finance islamique en Algérie devrait ouvrir la voie à une démarche plus audacieuse inspirée par celles qui ont pu être adoptées par d’importantes places financières internationales, selon Mustapha Bouazza, député du Mouvement pour la société de la paix (MSP).

La législation sur l’argent et le crédit « manquait de clarté en ce qui concerne l’activité des banques islamiques », selon l’économiste Abdelmalek Serrai, imputant le retard enregistré en la matière à la « domination des banques publiques ».

Mais Nacer Haidar, secrétaire général de la Banque Al-Baraka, la première banque spécialisée dans les produits conformes à la charia en Algérie, a estimé que le succès de sa banque témoigne de la « souplesse des autorités algériennes dans le traitement des produits islamiques ».

« S’il y a une quelconque résistance, ce n’est pas par rapport aux produits islamiques, mais c’est une caractéristique du marché financier en Algérie, encore en retard en termes de diversification de produits », a-t-il expliqué.

Selon Haidar, l »Algérie compte une succursale bancaire pour 26 000 habitants, contre une pour 7 000 dans les pays voisins, et une pour 2 000 dans les pays développés.

Il a ajouté que sa banque était disposée à aider à financer des projets pour réduire le chômage des jeunes, dès lors qu’ils seront « économiquement rentables ».