Les Algériens s’interrogent

Les Algériens s’interrogent

Les lois physiques confirment le fait qu’un zoom permet de mieux voir. Autrement dit, plus on se rapproche des choses et mieux on les voit ou, si on veut, plus on se rapproche, plus les choses s’éclaircissent. C’est simple, c’est naturel et, dirions-nous, même intuitif. Or, chez nous, tel n’est pas le cas

Contrairement à toutes les lois de la nature et même contrairement à celles des hommes, chez nous, lorsqu’on s’approche des choses, elles deviennent plus opaques et moins claires et lorsqu’on tend la main croyant les tenir, alors elles se dissipent. Décidément, quelque chose ne va pas chez nous.

Il y a quelque temps, les observateurs de la politique nationale s’intéressant aux élections d’avril émettaient des hypothèses et élaboraient des analyses à propos de l’échéance, des hommes et, bien sûr, du pays. Ils avaient une certaine «vue» des choses ou ce qui revient au même, les choses avaient une certaine apparence. Mais pour finir les contours de leurs opinions et afin d’approfondir leurs analyses, ils avaient besoin de temps. «C’est encore loin, soutenaient-ils. Laissons venir les choses on y verra plus clair.»

Certains annonçaient un 4e mandat, d’autres l’excluaient. Certains prédisaient l’élection de Benflis, d’autres celle de Bouteflika. Certains «voyaient» la fin du système, d’autres celle des hommes, mais sans trop de changement… les allégations et les exercices, tout comme les réflexions plus sérieuses d’ailleurs, se succédaient en attendant de voir les choses de «plus près».

Plus le temps passe et plus près nous sommes du rendez-vous. Sauf que plus nous nous approchons de la date du 17 avril et plus les discours se font incertains, inconsistants, voire sans contenu ou presque. Les gens semblent saisir de moins en moins la réalité qui leur échappe.

On l’a vu, d’abord avec certains adeptes du 4e mandat qui, à un moment, ont chancelé ne sachant plus quoi dire ni quoi faire. Parmi ceux qui annonçaient le 4e mandat, il y a ceux qui ont simplement changé de discours et de: «Nous soutenons Bouteflika pour un 4e mandat», ils sont passés à un: «Nous soutiendrons Bouteflika s’il accepte d’être candidat.» C’est le cas, notamment de Ghoul et de quelques autres qui avaient pris la même allée. Ce recul, qui dura quelque temps, est sans doute dû à l’absence de visibilité de la scène politique nationale dès le début de l’année 2014. C’est-à-dire à partir du moment où la date du 17 avril devenait proche.

Ensuite, il y a eu les changements apportés par Bouteflika aux services des renseignements généraux. Ces décisions, une fois connues, alimentèrent longuement les discussions des Algériens et compliquèrent la vision aux observateurs. Pourquoi ces changements, demandaient-ils? Pourquoi maintenant? insistaient-ils, et comme ils n’eurent pas de réponse, alors ils ne purent poursuivre leurs observations de la scène politique. Quelque temps auparavant, pourtant, ils y décelaient quelques indices.

A partir de lundi dernier, plus personne ne comprend plus rien à rien. Pourquoi Saâdani a-t-il parlé? Pour le compte de qui? Et pourquoi maintenant? Et quelles seront les conséquences de ces paroles sur les hommes et sur l’Algérie? Quel impact est-ce que cela aura sur l’élection? Et quelle Algérie aurons-nous dorénavant? Certains lèvent déjà la main et prient pour que le pire soit évité.

D’autres haussent les épaules de l’inconscience. Et il n’est pas impossible que certains aient déjà fait leurs valises et qu’ils s’apprêtent à s’évaporer au moindre problème.

Que va-t-il se passer après ces déclarations de Saâdani, s’interrogent les Algériens? Tout le monde attend pour y voir plus clair. Comme quoi, plus on est proche du 17 avril et moins on perçoit l’avenir du pays.