«J’ai déjà réservé pour un séjour à Hammamet et je ne vais pas annuler»
Les évènements de Sakiet Sidi Youssef ont scellé l’union sacrée et fraternelle entre les Algériens et les Tunisiens.
Malgré l’attentat lâche qui a frappé la Tunisie, la solidarité entre les deux pays demeure inébranlable. Au lendemain de cet acte ignoble, les Algériens expriment leur soutien et font part de leur détermination à se rendre en masse cet été en Tunisie. «Ce sont nos frères, ils ont été la pour nous quand ça allait mal en Algérie, on est décidé à ne pas les lâcher», nous dira Omar, le soir même de l’attentat. Pour sa part, Razika, mère de deux enfants, nous confie: «J’ai déjà réservé pour un séjour à Hammamet et je ne vais pas annuler, j’ai l’habitude de m’y rendre, et cette année je le ferai pour soutenir les Tunisiens.» De son côté le gouvernement algérien n’émet aucune restriction ni aucune mesure spéciale contre cet élan de solidarité. «En ces moments difficiles, l’Algérie, qui s’est toujours résolument tenue aux côtés de la Tunisie soeur, tient à renouveler son soutien fort et inconditionnel à ce pays et à ses autorités et à poursuivre avec eux l’oeuvre commune et solidaire qui consiste à faire face ensemble au terrorisme et à continuer à agir solidairement et en rang serré pour le défaire définitivement», soutient le MAE.
Il est à préciser que pendant la décennie noire, la Tunisie représentait un havre de paix pour les Algériens, qui en cette période ne pouvaient même pas circuler librement dans leur propre pays, happé par le terrorisme. Le soutien des Tunisiens durant cette époque fut des plus salutaires. Et ce, en offrant aux Algériens la possibilité de souffler un peu et de sortir la tête de et du désarroi l’espace d’un séjour souvent marqué par le respect, la chaleur humaine et l’hospitalité légendaire du peuple tunisien. Mais cette solidarité entre les deux pays ne date pas d’hier, ce qui relie les deux peuples date de la période de la colonisation.
Les évènements de Sakiet Sidi Youssef où le sang des deux peuples a été versé, pour la même cause, avaient eu l’immense mérite de sceller définitivement cette union sacrée et fraternelle entre les Algériens et les Tunisiens.
Cette solidarité se manifeste à chaque fois qu’une crise frappe l’un des deux pays. A ce titre, c’est le tour de l’Algérie de faire montre d’un esprit de fraternité à l’endroit des Tunisiens. Cette mission, les autorités centrales du pays s’en sont bien acquittées, lorsque la Tunisie se cherchait durant la période post-révolutionnaire où les questions de sécurité, de consensus politique se posaient avec force.
Les multiples visites à Alger de leaders politiques tunisiens, comme Rached Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi ont contribué à asseoir un régime stable reconnu par le peuple tunisien. «L’Algérie, qui est la grande soeur, peut rapprocher les positions des uns et des autres parce que sa sécurité nationale se joue sur notre territoire», dira le porte-parole de Nidaa Tounès, à cette époque.
C’est dire à quel point, les liens entre les deux peuples sont étroits. C’est dans cette optique et répondant à un réflexe ancestral, que les Algériens se jurent de rester solidaires avec leurs frères tunisiens. Et ce dans l’espoir d’alléger au mieux, l’impact économique de cette catastrophe.
Sur un autre plan, cette détermination des Algériens à maintenir leur programme et leurs réservations vers la Tunisie cet été, prend également son origine à travers l’expérience meurtrière vécue durant la décennie noire.
Ils n’oublieront jamais la solitude et l’embargo observé à l’encontre de l’Algérie, par le reste du monde à cette époque. Ils veulent, par le biais de leur présence en masse en Tunisie durant cette épreuve difficile, éviter au peuple tunisien de vivre, en plus des atrocités du terrorisme barbare, le terrible sentiment d’abandon et de rejet.
En somme, les Algériens et les Tunisiens sont foncièrement conscients, qu’en plus des déploiements militaires et la lutte acharnée contre le terrorisme, la solidarité entre les peuples finira par venir à bout des desseins sanguinaires des organisations terroristes.
