Des conférences-débats, des expositions photos, et des témoignages de moudjahidine rappelant l’atrocité de la répression de l’armée coloniale étaient au programme hier pour commémorer les massacres du 8 mai 1945.
La répression de la marche pacifique d’alors s’est imposée comme thème majeur des festivités organisées à travers le pays, mais aussi par notre communauté à l’étranger.
Tout le monde s’accorde à dire que la répression de la marche pacifique du 8 mai 1945, qui s’est soldée par un bilan de 45 000 morts, est un crime contre l’humanité pour lequel la France doit s’excuser.
Après la grandiose «marche de la fidélité» organisée la veille à Sétif, c’était au tour d’un colloque international sur le 8 mai 1945 d’être organisé à Guelma, hier, avec la participation de personnalités de renom, des moudjahidine et des historiens.
La commémoration du soixante-cinquième anniversaire des massacres du 8 mai 1945 a également été le thème abordé à l’ouverture des quatrièmes «okadiade» de la poésie arabe. En France, au moment où le film Hors-la-loi, du metteur en scène algérien Rachid Bouchareb, fait polémique, un documentaire et une rencontre-débat ont été proposés samedi soir au Centre culturel algérien de Paris pour marquer le 65ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes du pays.
Mémoires du 8 Mai 1945, est le nom du documentaire de Mariam Hamidat et de François Nemata, présenté en ouverture de la commémoration de cette date historique de l’Algérie contemporaine. A travers les témoignages de rescapés de ces terribles massacres, la réalisatrice remonte le temps pour restituer toute la barbarie et la sauvagerie de ces événements qui se sont poursuivis jusqu’au mois de septembre de la même année.
La rencontre-débat a été animée par deux historiens français, Gilles Manceron et Jean-Louis Planche, connus pour les travaux qu’ils ont effectués autour de la colonisation française et des massacres du 8 mai 1945. En parlant du déroulement de cette tuerie, qui s’est prolongée quatre mois durant dans la région du Constantinois, Jean-Louis Planche a constaté, que «ce jour-là, la folie meurtrière s’est emparée des populations européennes».
Il a rappelé en s’appuyant sur des rapports et des témoignages vérifiés qu’«en septembre 1945, près de cent camions ont déchargé des cadavres d’Algériens qui allaient être ensevelis dans des fosses communes, dans la banlieue de Constantine».
Cet historien a également indiqué que le nombre de 30 000 morts a été annoncé à Paris dès la fin de mai 1945, non sans préciser que «le bilan doit être obligatoirement supérieur à ce chiffre puisque les massacres se sont poursuivis quatre mois durant».
Gilles Manceron a, pour sa part, souligné que les événements du 8 mai 1945 ont été un tournant important dans l’histoire de l’Algérie. «Le souvenir de ces massacres a été très longtemps présent auprès des militants du PPA-MTLD, ceux-là même qui déclencheront la révolution armée le 1er novembre 1954», a-t-il dit. Le 65ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 a été commémoré samedi dernier, pour la première fois, à Montpellier, par la projection suivie d’un débat du film documentaire l’Autre 8 Mai 45.
D’autre part, le Musée central de la police a commémoré hier à l’Ecole supérieure de la police à Châteauneuf (Alger) le 65ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945, en organisant une exposition de photos. Des moudjahidine ont été honorés à cette occasion.
Par Amar Rafa