Il s’en trouvera, à n’en pas douter, des voix qui voudront par toutes les arguties possibles et imaginables, minimiser le taux de participation national et/ou total enregistré à l’issue de l’organisation du scrutin législatif de ce 10 mai 2012.
Ces mêmes voix estimeront et voudront faire croire que le taux total de 42,36% est insignifiant. Ils brandiront en premier lieu le nombre d’électeurs inscrits sur les listes. Ainsi, sur un corps électoral global de 21.664.348, le nombre de votants, feront-ils remarquer, n’a atteint que 9.313.186. Ils feront aussi semblant d’avoir oublié que le taux enregistré en 2007 était inférieur à celui annoncé jeudi soir par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. En effet, à l’issue des dernières législatives, le taux était de 36,51%. Mieux, ces mêmes voix oublieront de relever que le taux de participation national est de 44,38%, ce qui est dans la conjoncture politique loin de constituer une déconfiture, et qu’il a dépassé la barre des 50% dans 19 wilayas, que dans l’ensemble des wilayas du Sud il a dépassé les 60% (le taux le plus élevé a été enregistré dans la wilaya de Tindouf, avec 83,15%). C’est pourquoi force est de conclure que si M. Daho Ould Kablia s’est félicité de cette participation «remarquable», qui a fait, selon lui, preuve d’un sens civique et national «élevé», c’est en connaissance de cause. En effet, à la veille du scrutin, nul n’était en mesure de prédire quelle serait la réaction des électeurs que l’on disait désabusés par la chose politique, au point de renoncer à exercer leur droit électoral. Or, et contrairement à ce qui était espéré, les Algériens étaient au rendez-vous des urnes.
«Le peuple a relevé avec mérite un grand défi, affirmant sa volonté de prendre en main sa propre destinée en toute conscience et liberté en imposant son choix souverain», a affirmé à juste titre M. Ould Kablia en annonçant les résultats du scrutin. Une preuve aussi de leur maturité politique, car conscients du fait que leur pays se trouve à un tournant décisif. Car, faut-il s’en persuader, ce n’est pas tant le fait d’élire des représentants à l’APN qui a joué plus fort que cette certitude que cette fois-ci, les enjeux sont plus importants. Voire plus cruciaux. Difficile en effet, de ne pas s’en rendre compte, lorsqu’on sait que ces élections ont été organisées dans le sillage du «printemps arabe» qui a soufflé sur nombre de pays dont certains sont les voisins de l’Algérie. «Printemps» que des capitales auraient souhaité voir éclore sous nos cieux. C’est dire donc l’un des enjeux à peine voilé de cette élection. Du reste, l’implication directe du Président de la République prouve si besoin est l’acuité du rendez-vous de jeudi auquel étaient conviés les Algériens. Un Président de la République qui n’a eu de cesse ces derniers mois de les sensibiliser sur la nécessité de se rendre en masse le jour du scrutin. Son discours de Sétif aura été d’une telle franchise qu’il n’aura pas manqué d’interpeller les consciences. Preuve en est, de nombreux Algériens, tant en Algérie qu’à l’étranger, ont affirmé avoir décidé de voter après avoir écouté le discours du 8 mai. Et puis un taux de participation de près de 43 % à des élections législatives, c’est loin d’être un aussi mauvais score que l’on pourrait le croire, dans la mesure où de par le monde les élections législatives sont celles qui mobilisent le moins d’électeurs, en comparaison avec les présidentielles ou les locales. Mieux, au niveau national, le taux enregistré de 44,38% dénote d’une affluence certaine des électeurs jeudi. Une participation derrière laquelle se déclinent aussi des attentes auxquelles la nouvelle Assemblée est tenue de répondre.
Nadia Kerraz