Les algériens ne savent pas se comporter quand ils assistent à un accident: Un simple geste peut sauver des vies

Les algériens ne savent pas se comporter quand ils assistent à un accident: Un simple geste peut sauver des vies

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Les accidents de la route sont malheureusement bien trop nombreux en Algérie. De plus, les témoins adoptent parfois des comportements dangereux en pensant bien faire. Voici le comportement à adopter si vous êtes un de ces témoins, mais aussi ce qu’il ne faut absolument pas faire.

Djamel roule tranquillement sur l’autoroute. Il est de bonne humeur, il écoute de la bonne musique. Soudain, il assiste à une collision entre une moto et une voiture. Le motard a été propulsé et la voiture a fini par déraper et rentrer dans les balises. Les deux usagers de la route semblent avoir subi des dégâts importants. Pas un, pas deux, Djamel se gare à droite, sur la bande d’arrêt d’urgence, suivi de plusieurs autres automobilistes qui ont assisté à la scène. Il descend de sa voiture, se dirige vers le motard, le tire vers la voie de droite et lui ôte son casque pour prendre de ses nouvelles. Les autres usagers se dirigent vers la voiture accidentée, ouvrent la portière et tirent le conducteur de son véhicule. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’une personne appelle les secours.

Aggraver le cas en croyant secourir

Tout ce que Djamel et les autres viennent de faire, et ce malgré la meilleure volonté du monde, n’aurait pas dû être fait. Ce comportement pourrait même mettre en danger les victimes de l’accident, en aggravant leurs blessures, ou même en les faisant succomber à ces dernières. «On peut, en touchant les victimes, leur causer une paralysie», explique le capitaine Bernaoui, de la Protection civile. La procédure à suivre n’a été respectée à aucun moment lors de l’intervention des automobilistes. La première chose à faire quand on assiste à un accident de la route est de s’arrêter pour porter assistance aux victimes. Par contre, contrairement à ce qu’ont fait Djamel et les autres automobilistes, il ne faut jamais stationner avant l’endroit où l’accident s’est produit. Les recommandations veulent qu’on se gare après le lieu de l’accident, à 150 mètres à peu près, et ce pour ne pas gêner l’arrivée des secours. «Il faut signaler le lieu de l’accident, avec un triangle de signalisation, les feux de détresse», ou même en utilisant les phares d’une voiture si nécessaire, explique le capitaine. «Il faut sécuriser les lieux pour éviter un suraccident», ajoute-t-il.

Si, en arrivant sur les lieux de l’accident, on remarque que des automobilistes se sont déjà arrêtés pour assister les victimes, il faut absolument circuler, sinon l’arrivée des secours peut être gênée encore une fois. Éviter absolument de s’arrêter juste pour regarder, comme le font beaucoup d’automobilistes, quitte à créer des bouchons interminables, y compris sur la voie opposée! Il faut, quand on est sur place, couper le contact des véhicules, afin d’éviter un éventuel incendie. Une fois ceci achevé, il faut apprécier la situation dans son ensemble. Déterminer le nombre de personnes impliquées dans l’accident, leur état, si elles sont à l’intérieur du véhicule ou à l’extérieur, si elles n’y sont pas bloquées. Tout cela, Djamel et ses compagnons ne l’ont pas fait, et ils se sont précipités pour secourir les victimes sans connaître leur état.

Alerter les secours à ce moment-là, en leur donnant un maximum de détails quant aux véhicules et aux victimes, ce qui leur permettra de préparer le matériel nécessaire à leur intervention. On aura donc vérifié si les victimes étaient conscientes ou pas, si elles respiraient, si elles saignaient… etc. «Il faut absolument appeler les secours. Il ne faut pas considérer que les personnes qui sont déjà sur place l’ont fait!», insiste le capitaine Bernaoui.

Les gestes qui sauvent

Si les victimes peuvent parler, leur demander ce qu’elles ressentent et si elles ont mal quelque part, cela ne serait pas de trop. Là et seulement là vient le moment de leur porter secours! Et il faut s’armer de sang-froid pour ne pas se précipiter ou faire d’erreur. Et c’est malheureusement-là que la grande majorité se précipite, quitte à mettre la vie des victimes encore plus en danger qu’elle ne l’est déjà. Djamel et ses amis se sont précipités à extraire les victimes des véhicules, ainsi qu’à ôter le casque au motard. Deux comportements dangereux. Si, dans le meilleur des cas, les victimes sont conscientes et respirent, il faut les couvrir, car une personne qui vient de subir un choc a toujours froid. Il faut également leur parler et les rassurer, le temps que les secours arrivent.

Ce qui va permettre également de s’assurer que la victime ne perd pas conscience ou qu’elle n’arrête pas de respirer. Il ne faut absolument pas lui donner à boire ou à manger. «Il ne faut jamais extraire une victime d’un véhicule, sauf en cas d’extrême urgence, tel qu’un incendie», prévient le chargé de la communication à la Protection civile. Dans ce cas, il faut détacher la ceinture et saisir la personne par les poignets en passant les bras sous ses aisselles. Il faut ensuite l’allonger délicatement et la mettre en position latérale de sécurité. Si un blessé doit absolument être déplacé, ne jamais le tirer par les membres et éviter absolument de lui tordre la colonne vertébrale. Ne jamais ôter son casque à un motard également. Si la victime a subi des brûlures, ne pas lui ôter ses vêtements non plus. Si l’on est formé aux premiers soins, il y a lieu de les prodiguer si les victimes sont inconscientes ou qu’elles ne respirent pas. Ces gestes consistent en la pratique de massage cardiaque en cas d’absence de pouls, mise en position latérale de sécurité ou autre.

Arrêter d’éventuelles hémorragies peut également sauver une vie grâce à un garrot ou en appliquant un point de pression. Enfin, si les victimes respirent mal, il faut leur desserrer leurs vêtements et débarrasser leurs bouches de tout corps étranger. Si elles ne ventilent pas, un massage cardiaque est de mise. Se former à prodiguer les gestes de premiers soins peut sauver des vies. La formation permet également de connaître le comportement à avoir dans l’attente des secours, ainsi que d’empêcher d’autres personnes à adopter des comportements dangereux, bien qu’émanant de bons sentiments.

Le rôle du Croissant-Rouge

Le plus important est donc d’éviter absolument de toucher aux victimes si on n’est pas formé ou si on n’est pas médecin. Il faut également, absolument appeler les secours, ne pas encombrer la route et retarder leur arrivée. La Protection civile organise régulièrement des formations de secourisme au profit de bénévoles. «Nous organisons quatre sessions de 21 jours par an dans le cadre du programme «un secouriste par famille», déclare Bernaoui. «Autour de 120.000 personnes ont déjà été formées, et le programme est encore en cours», ajoute-t-il. Le Croissant-Rouge algérien forme au secourisme également. Formez-vous. Il n’est jamais trop tard, bien que le plus tôt serait le mieux. «Un simple geste peut sauver des vies», comme dit le capitaine Bernaoui.