Les Algériens ne meurent pas de faim selon Bouabdallah Ghlamallah

Les Algériens ne meurent pas de faim selon Bouabdallah Ghlamallah

En voulant corriger le tir après sa fracassante déclaration sur l’inexistence de la pauvreté en Algérie, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, n’a fait qu’enfoncer le clou.

«En évoquant la pauvreté mon intention était de dire qu’il n’existait pas de « pauvreté biologique » en Algérie, c’est-à-dire, celle liée au besoin en nourriture. Se voulant plus précis, M.Ghlamallah qui exprimait sa « vision de sociologue » comme il le dit ce mercredi, en marge de l’ouverture de la session d’automne du Conseil de la nation, a souligné que ses propos voulaient tout simplement dire que le « citoyen ne demande pas sa zakat en nourriture et qu’il n’y a jamais eu d’Algérien décédé pour cause de faim. » Et d’ajouter: Le besoin se fait sentir au niveau des charges sociales à couvrir. C’est la raison pour laquelle l’Algérien demande à être aidé financièrement».

Le représentant du gouvernement a expliqué que ses «propos visaient à faire la différence entre le besoin premier, c’est-à- dire manger à sa faim et là, j’ai parlé de son inexistence, et celui de satisfaire ses charges, un besoin au demeurant réel».

Contacté par L’Expression pour exprimer son opinion quant à la déclaration du ministre, M.Farès Mesdour, expert international en économie islamique, s’est dit indigné par de tels propos.

«La pauvreté existe bel et bien en Algérie. Il suffit de voir tout ce monde qui n’hésite pas à fouiller dans les poubelles et autres décharges publiques pour trouver un quignon de pain à se mettre sous la dent», s’est-il écrié.

Selon lui, «au minimum, 25% de la population algérienne ne mangent pas à sa faim, sachant que la famine est beaucoup plus grave que la pauvreté».

Il n’est point nécessaire d’être expert international pour constater et côtoyer chaque jour, la misère rampante qui gagne même les sphères jusqu’alors protégées par un salaire «de misère» aussi.

Il se trouve par exemple qu’aujourd’hui des gens «louent» leurs enfants aux nantis pour exécuter des travaux souvent avilissants.

D’autres enfants sont acculés à fouiner dans les décharges publiques à la recherche d’une pitance ou d’un objet à revendre sur la place. Les autres exécutent des tâches trop dures pour eux comme décharger ou charger des marchandises.

Et ces mères qui mettent «au clou» leurs bijoux de famille pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de leurs chérubins, ces hommes bien portants qui font la manche à longueur d’année au détriment de leur dignité, et ces femmes qui «vendent» leur corps pour se nourrir…

Si ce n’est pas de la pauvreté biologique, c’est quoi alors !

Abdelkrim AMARNI