Ils sont 15,3 % des Algériens âgés de 15 ans et plus à fumer (cigarette, cigare et narguilé), a révélé une enquête nationale réalisée en 2010 par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
L’objectif de cette enquête qui a concerné un échantillon de 8.000 personnes âgées de 15 et plus dans quatre wilayas du pays, à savoir Alger, Batna, Oran et Ouargla, était de définir le nombre de consommateurs des différents types de tabac dans la société algérienne.
L’enquête qui a duré une année et dont les détails seront publiés le 31 mai, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme, a porté sur une série de questions relatives, à la durée d’addiction au tabac, à la qualité du tabac consommé, à l’âge d’initiation au tabac et à la fréquence de la consommation (régulière ou occasionnelle).
27,1 % des hommes sont des fumeurs contre 1,7% de femmes, selon l’enquête. Le taux de consommation du tabac à chiquer ou à sniffer s’élève à 5,7% chez les deux sexes à l’échelle nationale. Cependant, l’enquête a révélé que le taux de consommation de la cigarette demeure le plus élevé chez la catégorie de 25 à 35 ans, avec 33,4 % chez les hommes contre 1,7 % chez les femmes. La première cigarette est fumée à l’âge de 17 ans. Le ministère a relevé un recul dans la consommation du tabac chez les adultes, en comparaison avec l’enquête réalisée en 2005 qui avait concerné la tranche d’âge de 25 à 64 ans et démontré que 18 % des Algériens sont des fumeurs.
Des pertes supérieures aux gains
Il faut dire que selon le professeur Salim Nafti, chef du service pneumologie de
l’établissemen hospitalo-universitaire Mustapha-Bacha, Le tabac génère un gain de 70 milliards DA à l’Algérie mais coûte 280 milliards DA à la santé publique. Le tabac tue 15.000 personnes/an en Algérie et 3 millions dans les pays occidentaux, a précisé M. Nafti, soulignant que ce nombre est appelé à atteindre 10 millions lors des prochaines années. La moitié des décès enregistrés en Algérie (15.000) sont dus aux maladies respiratoires, dont les deux tiers sont des cancers bronchiques et un tiers des broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), a-t-il souligné.
Cependant, les industriels du tabac continuent à chercher de nouveaux fumeurs notamment auprès des jeunes, qui en voulant essayer une première cigarette se retrouvent souvent en proie à une addiction au tabac, véritable danger pour leur santé. Les médecins ont un important rôle à jouer en vue d’aider les fumeurs à arrêter la cigarette, notamment en exerçant des pressions sur les pouvoirs publics afin de les amener à intensifier la lutte antitabac, à travers l’augmentation du prix du tabac, « décision très difficile à prendre », selon le spécialiste qui estime que la prévention contre le tabac reste le meilleur moyen en vue de lutter contre ce fléau, qui nécessite la prise de conscience et la participation de tous.
En dépit des lacunes enregistrées sur le terrain, le spécialiste a affirmé que le médecin réussit, dans 5% des cas, à convaincre les fumeurs à arrêter la cigarette, notamment lors des consultations, soulignant que les fumeurs finissent toujours par consulter le médecin pour une raison ou une autre.
Parmi les difficultés rencontrées par les médecins, il a souligné le manque de formation en matière de lutte antitabac, estimant qu’il est scandaleux de voir encore certains médecins fumer à l’hôpital, en présence du public.
Le tabac tue 5 millions de personnes par an dans le monde…
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé que le tabac tue 5 millions de personnes par an, des suites d’un infarctus, d’un accident vasculaire cérébral, d’un cancer, d’une pneumopathie ou d’une autre maladie liée à ce fléau.
A la veille de la célébration de la Journée mondiale de lutte antitabac, fixée au 31 mai, sous le slogan « La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac », l’Organisation a indiqué que le tabac cause de graves maladies notamment le tabagisme passif, qui tue plus de 600.000 personnes/an (dont plus du quart sont des enfants).
A l’horizon 2030, le nombre des victimes de ce grave fléau atteindra les 8 millions, a souligné l’OMS, rappelant que le tabac avait fait 100 millions de victimes le siècle dernier et pourrait causer la mort d’un milliard de personnes à la fin de ce siècle. Cette année, l’OMS insiste sur la nécessité de la mise en oeuvre de sa convention-cadre, adoptée par 170 pays et entré en vigueur depuis 2005.
Etant l’un des traités à avoir été le plus rapidement et largement accepté dans toute l’histoire des Nations-Unies, la convention-cadre a été établie sur la base de données factuelles, tout en réaffirmant le droit de tous les peuples au plus haut niveau de santé et en apportant une dimension juridique nouvelle à la coopération pour la lutte antitabac.
… et provoque 90% des cancers du poumon
Le tabagisme est responsable de 90% des cas de cancer du poumon, a affirmé le chef du service oncologie de la clinique spécialisée Amine- Zighout de Bouzaréah, le professeur Mohamed Oukal.
Le tabac est la cause du tiers des cas de cancers, tous types confondus, chez les hommes, a précisé le Pr Oukal dans une déclaration à l’APS. Le cancer de la vessie, a-t-il ajouté, vient en deuxième position après celui du poumon (4.500 cas par an) suivi du cancer de l’appareil digestif. Le cancer de la bouche est multiplié par trois chez les fumeurs et par deux pour le cancer du pharynx. Le tabagisme est aussi la cause du cancer du col de l’utérus chez les femmes avec 3,6%, outre les malformations du foetus. 7.500 cas d’infarctus du myocarde sont enregistrés chaque année à cause du tabagisme qui reste responsable de 85% de l’obstruction chronique des voies respiratoires.
Le coût de la prise en charge des maladies graves est un véritable fardeau pour la santé publique. Une prise en charge qui se complique davantage avec les maladies causées par le tabac qui cause 30% de maladies mortelles en Algérie (1.500 cas de décès) après les accidents de la route.
Par : Ines Amoude