Les Algériens et le Ramadhan à l’étranger « Nous ne sommes pas dépaysés »

Les Algériens et le Ramadhan à l’étranger « Nous ne sommes pas dépaysés »

Le Ramadhan tire à sa fin. La situation en Algérie est dominée par la flambée des prix, les coupures de courant électrique, la vente anarchique des produits alimentaires et les embouteillages. Le mois sacré est également caractérisé par des actions de solidarité, le bénévolat et le culte. Et si on adresse un regard à nos compatriotes établis dans les pays étrangers !

Adel et Soraya sont partis il y a 9 ans au Canada. Après avoir passé 6 années à Québec, ils ont atterri à Aurora, une municipalité ontarienne suburbaine située dans la municipalité régionale de York. « L’ambiance du Ramadhan au Canada n’est pas la même qu’en Algérie, quand tu sors de chez toi, il n’ y a aucun signe de Ramadhan, rien ne change », a indiqué Adel. Selon ses propos, tout le monde vaque à ses occupations. « Nous commençons à sentir un peu l’ambiance du Ramadhan à la mosquée, car le programme change par rapport au reste de l’année, également dans la plupart des mosquées, on rompt le jeûne, c’est une occasion pour les musulmans encore célibataires de se réunir pour partager le f’tour et sentir un peu l’ambiance du bled. » Dès que Adel rentre chez lui, c’est l’ambiance du Ramadhan qui y règne. « L’odeur du Bourek et de la chorba envahit tout l’immeuble où j’habite », a-t-il indiqué. Sa femme, une Algéroise de souche, a su faire couler la salive de tous les locataires de l’immeuble au point que Charles exige de Betty (leurs voisins canadiens) les plats algériens depuis plus de deux années. Adel indique qu’il assure des travaux de 5h du matin jusqu’à 11h et de 13h jusqu’à 17h. Sa femme travaille dans une pâtisserie orientale. Elle achève son travail aux alentours de 14h. Elle récupère ses deux enfants de la crèche et rentre à la maison pour se consacrer à son foyer. Une fois le jeûne rompu, Adel part pour la prière de Tarawih avec une vingtaine de fidèles. Une manière qui leur fait rappeler le mois de Ramadhan au bled. En ce qui concerne les mosquées, il existe une seule dans cette municipalité. Chaque week-end, il part à une centaine de kilomètres pour rencontrer son compatriote constantinois pour partager ensemble la même nostalgie de Ramadhan. Si on résume la situation de Adel et de Soraya, le Ramadhan se passe bien. « Ce n’est pas la faim que nous ressentons mais plutôt le manque de sommeil car le changement d’horaire de manger affecte un peu l’horaire du sommeil et du coup un décalage se crée. » Autres cieux, autre ambiance. A Londres, les mosquées quant à elles se sont préparées pour le mois de jeûne du Ramadhan. Mohand Saïd, encore célibataire, qui habite pour le moment chez son beau-frère, travaille comme chef de rayon dans un grand centre commercial de Londres. Il participe dans l’action de volontariat et de solidarité pour servir des repas dans une mosquée au centre de Londres. Mohand Saïd estime que le fait que le mois de Ramadhan coïncide avec les jeux Olympiques en Angleterre est une excellente chose.

LA SOLIDARITÉ, PRÉSENTE PARTOUT

« Les musulmans de Londres se sont organisés pour donner la vraie image de l’Islam ; celle de l’entraide, la tolérance et du culte », a indiqué notre interlocuteur. Cet Algérien joue un très grand rôle dans « Afus dg afus » (Main dans la main), une association qui s’occupe des problèmes des émigrés nord-africains. « En collaboration avec le comité de la mosquée, notre association sert à manger à tout le monde, musulmans ou non musulmans », a-t-il indiqué avant d’ajouter que « de cette façon, tous les média du monde ont rapporté que les musulmans de Londres sont très humains ». Après la prière de Tarawih, Mohand Saïd retire son ordinateur pour « entrer en contact » avec le bled. « Je discute quotidiennement avec ma mère. Je suis au courant de tout ce qui se passe dans ma localité, je suis à la page. On ne dirait pas que cela fait déjà six ans depuis que j’ai quitté le pays », a-t-il précisé. En France, Salah est un jeune entrepreneur algérien qui travaille dans le bâtiment dans la région de l’Auvergne. A la tête d’une équipe de trente éléments, le maître d’ouvrage de plusieurs réalisations a adopté des horaires de travail bien spécifiques pour le Ramadhan. Sans relâche, le travail commence à 6h du matin et prend fin à 13h. Lorsqu’il rentre chez lui, Salah ne semble pas du tout dépaysé. Sa femme Anna (une Suissesse) a appris la cuisine algérienne par cœur. « Mon épouse a des mains de fée, elle réussit toutes les recettes de cuisine, même le couscous », a-t-il apprécié. Pour ce qui est de la fourniture, Salah indique que les supermarchés et superettes locaux ainsi que les marché spécialisés dans le Hallal sont parsemé un peu partout en Auvergne. Pour ce qui est de l’ambiance, Salah indique qu’il y a beaucoup de Marocains dans la région. La présence de deux grandes mosquées nous permet de pratiquer notre religion. Salah passe une moyenne de vingt minutes de communication par jour avec sa famille en Kabylie après le f’tour pour parler surtout avec sa petite sœur.

Abbas A. H.