Cette folie des livres de cuisine qui a commencé pendant le Ramadan ne montre aucun signe de ralentissement.
Les Algériens considèrent la cuisine « maison » innovante comme un moyen d’aider des finances domestiques en baisse et de satisfaire des familles devenues très pointilleuses.
« Tous les jours je dois réfléchir au menu que je dois préparer, et ce n’est pas facile du tout », a expliqué Souhila que Magharebia a rencontrée dans une librairie d’Alger. Elle est venue chercher l’inspiration culinaire et des idées de recettes.
« Mes enfants, et surtout mon mari, sont devenus plus exigeants et ne se contentent plus du désormais classique menu chorba frik et bourek », explique-t-elle.
Samiha, secrétaire de direction, reconnaît que la cuisine n’est pas son fort, avec ou sans livre de cuisine. Elle rit en parlant de ses tentatives et de ses tribulations lorsqu’elle avait habité pendant quelques années chez sa belle-famille :
« C’était horrible. Surtout à cause de mon beau-frère, qui hurlait dès qu’il me voyait dans la cuisine ! », explique-t-elle.
Chacun semble avoir succombé au virus de la cuisine. Les journaux, les stations de radio, les chaînes de télévision et les sites web proposent des conseils et des concours de recettes. L’agro-alimentaire a également sauté sur l’occasion, en imprimant des recettes simples sur ses emballages.
Mais les livres de cuisine restent le choix le plus prisé.
« Ma belle-fille ne sait pas cuisiner sans ces livres ! « , explique une femme âgée avec une certaine ironie.
Du fait d’un nouveau style de vie urbain, de nombreuses femmes algériennes reconnaissent manquer des talents culinaires que possédaient les anciennes générations. Mais les jeunes affirment que leur intérêt pour les livres de cuisine montrent qu’elles sont mieux éduquées et ont moins peur de la nouveauté que leurs mères.
Les maisons d’édition n’ont pas été longues à profiter de cette tendance. Les éditions reliées pouvant coûter plusieurs milliers de dinars, les éditeurs ont commencé à publier des receuils de recettes sur fiches.
Une stratégie de marketing qui semble porter ses fruits.
« Les livres de cuisine partent comme des petits pains, et cela nous réjouit bien sûr ! », a expliqué un assistant des ventes de la librairie Errachidia. Une autre librairie du centre-ville explique que ces livres de cuisine sont en tête des ventes.
Samiha, une fonctionnaire, est à la recherche d’un livre en particulier.
« Là, je viens d’acheter des livrets « Samira » avec des recettes très variées. Ceux que j’ai achetés il y a quelques années ne sont plus sur le marché. »
Chahinez, la quarantaine, a les yeux pétillants quand elle s’exclame « J’adore cuisiner ! ». Elle explique avoir une belle collection de livres de cuisine, car elle n’a aucune connexion à lnternet chez elle.
« J’aime bien faire des variations, mais je reste dans la cuisine algérienne et moyen-orientale. Je ne me suis jamais aventurée à cuisiner des plats mexicains, par exemple. Par contre, j’aime bien la cuisine française qui me tente », ajoute-t-elle.
Il n’y a pas que les femmes à être tentées par des aventures culinaires
Mohamed, depuis peu à la retraite, a désormais tout le temps de s’adonner à son passe-temps favori.
« Je fais le tour du vieux marché d’Alger en début d’après-midi pour acheter ce dont j’ai besoin », explique-t-il à Magharebia. Après avoir voyagé et travaillé dans de nombreux pays, il est impatient d’expliquer en détails comment il prépare des plats exotiques que lui seul semble connaître.
Pour leur part, les fanatiques de la cuisine expliquent que tout le monde peut s’initier à ces plaisirs. Ils ont une suggestion pour les futurs chefs en herbe qui ne peuvent aller sur lnternet ou acheter de beaux livres de cuisine : pourquoi ne pas demander à un voisin ou un collègue ce qu’ils envisagent de mettre dans le four ?
Piquer des idées, expliquent-t-ils, est une bonne recette de succès.