Les Algériens découvriront le permis à points à l’automne

Les Algériens découvriront le permis à points à l’automne

L’an dernier, 4 598 personnes ont trouvé la mort sur les routes d’Algérie. Un nombre comparable à celui de la France.« Sauf que le niveau d’insécurité routière est beaucoup plus élevé en Algérie puisque l’on a deux fois moins d’habitants et cinq fois moins de véhicules », souligne Farès Boubakour, professeur d’économie à l’université de Batna, spécialiste des transports.

La situation de l’Algérie aurait été bien pire si elle avait continué sur sa tendance des années 1980. L’étude menée par Farès Boubakour avait montré l’itinéraire singulier du pays.

La chute de la mobilité due au climat de terreur pendant la décennie noire s’était alors traduite par une diminution de près de 50 % du nombre d’accidents jusqu’en 1995, pour remonter par la suite et retrouver dans les années 2000 le niveau de 1985.

De plus, l’économie de nature collectiviste, avec le monopole d’importation des véhicules, avait freiné la motorisation de la population, qui se rattrape depuis lors, avec une multiplication par deux du parc en une dizaine d’années, pour atteindre 6,5 millions de véhicules.

Dans le même temps, la généralisation du port de la ceinture a permis de stabiliser le nombre de morts, le nombre de blessés ayant, lui, notablement augmenté.

L’ANNÉE 2010 AVAIT ENREGISTRÉ UNE BAISSE SPECTACULAIRE

Le bilan 2011 est d’autant plus décevant que l’année 2010 avait enregistré une baisse spectaculaire du nombre de tués : 3 660. Le nouveau code de la route, entré en vigueur en 2010, avait porté ses fruits au-delà des espérances, en durcissant les pénalités pour nombre d’infractions et en introduisant la mesure radicale du retrait de permis pendant trois mois pour diverses infractions.

Près de 140 000 permis furent retirés dès le premier trimestre 2010, provoquant un tollé dans l’opinion. Le premier ministre demanda alors de marquer une pause dans les contrôles au début 2011. Les résultats parlèrent d’eux-mêmes : la mortalité sur les routes retrouva son niveau antérieur d’environ 4 500 tués par an.

Le permis à points, adopté fin 2011 et qui doit entrer en vigueur en novembre, est censé compléter l’arsenal de la lutte contre l’insécurité routière. Ses vertus font cependant l’objet de débats en raison des principes qui ont été adoptés.

Une fois atteint un total de 24 points retirés, le chauffard se verra étiqueté « récidiviste ». Il devra suivre une formation pour récupérer des points mais pourra continuer à conduire. « La question est de savoir comment ces deux dispositifs, le retrait et le permis à points seront compatibles »,s’interroge Farès Boubakour.