Les représentants de la diaspora ne s’avouent pas vaincus pour autant et comptent se mobiliser davantage pour défendre leurs droits.
Ils avaient poussé l’élan de la mobilisation à son paroxysme, inondant les réseaux sociaux d’appels appuyés pour empêcher l’adoption au Parlement des amendements de la Constitution, défavorables aux expatriés. En vain. Les leaders du mouvement associatif des Algériens de France doivent se résoudre à la réalité. Comme l’ensemble des dispositions proposées au vote, les articles 51 et 73 excluant l’émigration de l’accès aux postes importants au sein de l’État, sont bel et bien passées comme une lettre à la poste. Une douzaine d’organisations avait pourtant signé un appel, une semaine avant la réunion des deux chambres du Parlement pour sensibiliser les députés et les sénateurs au sort de leurs compatriotes de l’étranger et les appeler à bloquer les propositions d’amendements controversées. Mais, le collectif n’a pas été entendu. “Ce vote constitue un déshonneur pour le Parlement”, dénonce Yougourthen Ayad, de l’Association des Algériens des deux rives et de leurs amis (Adra). Samedi dernier, il faisait partie des dizaines d’Algériens qui se sont rassemblés devant les locaux de l’ambassade d’Algérie à Paris pour exprimer leur désaccord avec le contenu de la révision constitutionnelle. Se sentant trahi, il estime que l’État algérien a commis une erreur fatale en procédant au reniement d’une partie de sa composante populaire. “Dans la conception du pouvoir, les Algériens de l’étranger sont juste bons à donner leurs voix lorsqu’il y a des élections mais pas à devenir des voix audibles, en prétendant à des postes importants qui peuvent influer sur le destin du pays”, fait-il remarquer très amer.
Nabil Mati, président de Trait d’Union 93, partage cet avis. “On nous met en avant pour jouer au foot mais pas pour faire de la politique”, dit-il sur un ton très sarcastique. Selon lui, les autorités algériennes sont coupables d’une “grave maladresse” vis-à-vis de la diaspora, en lui imposant des lois qui vont agir sur elle comme un repoussoir. “Personne ne nous a consultés. Nous avons été trahis”, déplore le militant associatif. Pour l’Anaaf (Alliance nationale des associations des Algériens de France), l’agrément par les parlementaires des articles controversés de la nouvelle Constitution entérine la création de deux collèges d’Algériens, de l’intérieur et de l’extérieur. Les seconds étant, d’après cette association, les victimes “d’un véritable ostracisme”. D’après l’Anaaf, les articles 51 et 73 de la Constitution “relèvent d’une régression politique aberrante et affligeante qui souille l’image d’une Algérie unie et démocratique, inclusive et respectueuse des droits inhérents à la citoyenneté”.
Pour laver cet affront, les Algériens de France comptent s’armer davantage pour faire entendre leur voix et recouvrer leur pleine citoyenneté. “Nous devons faire durer la mobilisation qui est née autour de la révision de la Constitution, pour défendre plus solidement les droits de la diaspora”, affirme Nabil Mati. Le 28 février prochain, il donne rendez-vous aux Algériens de la Seine-Saint-Denis au cours d’un premier meeting populaire.
