De tous les aliments que consomme l’Algérien au quotidien, le pain est sans doute le plus indispensable.
Il est tout le temps présent sur la table : le matin, à midi et le soir. Mieux encore, il est consommé avec tous les aliments pris dans la journée, a souligné l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport publié récemment. «Il m’arrive très souvent de manger des macaronis et des spaghettis avec du pain», nous dit Samir, 27 ans. Et il est loin d’être le seul dans son cas. Pour la quasi-totalité des chefs de famille, la première chose à faire dans la journée est de prendre la direction de la boulangerie du coin.
Quand cet aliment de base vient à manquer, les ménages sont tout simplement pris de panique.
Il y a quelques jours, la fermeture de nombreuses boulangeries à Alger en raison de la fête de l’Aïd, a engendré de longues files d’attente devant les rares boulangers qui ont assuré le service.
Et qui dit files d’attente dit forcément tension et altercations. Pour le commun des citoyens, il est hors de question d’être privé de pain une fois à table ! La relation est tellement forte que l’on peut parler d’une histoire d’amour qui dure depuis plusieurs décennies. Cet attachement est, selon certains analystes, le résultat de la politique alimentaire adoptée au lendemain de l’Indépendance. Une politique qui a privilégié la consommation de certains aliments tels que le lait et le pain à travers un système de subventions.
Aujourd’hui, les Algériens figurent parmi les plus grands consommateurs de pain au monde. Selon Youcef Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers affiliée à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), ils sont carrément les premiers consommateurs au monde avec 48,6 millions de baguettes par jour contre 20 millions il y a quelques années. Ces statistiques sont, néanmoins, remises en cause par certaines études qui parlent d’une consommation variant entre 15 et 27 millions de pains consommés par jour. Ce qui est déjà énorme pour un pays qui compte 35 millions d’habitants. Conscientes de l’indispensabilité de cet aliment, les autorités mobilisent chaque année une importante enveloppe financière pour subventionner les prix «qui ne seront pas revus à la hausse», a assuré récemment le ministre du Commerce, Mustapha Benbada.
