Plus d’un mois après les élections législatives, les Algériens attendent toujours la formation du nouveau gouvernement.
Tous les signes indiquent que le suspense continuera au moins jusqu’à ce que les festivités commémorant le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie ne commencent, le 5 juillet.
Le gouvernement mené par Ahmed Ouyahia tiendra sa première réunion mercredi 20 juin pour traiter les affaires courantes ; les décisions importantes seront, elles, reportées à plus tard. Le gouvernement prendra alors son congé annuel de quinze jours juste après le 5 juillet.
Selon la constitution, seul le Président est habilité à nommer un nouveau gouvernement ou à maintenir l’équipe actuelle en place. Aux vues des démissions de sept ministres nouvellement élus et de l’installation de leurs remplaçants, tout laisse à penser que le pays verra la formation d’un nouveau gouvernement, ou à tout le moins, connaîtra un remaniement majeur.
Les pourparlers avec les principaux partis politiques concernant la formation d’un nouveau gouvernement n’ont pas encore commencé, mais les divergences sont déjà apparentes.
Le Front de libération nationale (FLN), vainqueur des élections législatives, est favorable à l’idée d’un gouvernement incluant des ministres de l’ensemble du spectre politique.
Son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem a annoncé que son parti ne revendiquait pas le poste de Premier ministre et a rappelé que la constitution permet au Président de choisir qui il souhaite pour cette fonction.
Cependant, comme l’a fait remarquer Belkhadem, le FLN espère changer cette situation par des réformes constitutionnelles prévues plus tard dans l’année, afin de créer « un système semi-présidentiel dans lequel les prérogatives du chef de l’État et du Premier ministre seront clairement définies ».
Un point de vue partagé par l’allié du FLN, le Rassemblement national démocratique (RND). Pour sa part, le Mouvement pour une société de la paix (MSP), membre de la coalition au pouvoir avant de s’en retirer juste avant les élections législatives, a décidé de boycotter le nouveau gouvernement et fait maintenant partie de l’Alliance verte aux côtés de deux autres partis islamistes.
Bouguerra Soltani, président du MPS, a déclaré préférer « un gouvernement d’unité nationale » et refuse d’accepter les résultats des élections législatives du 10 mai.
Chez les partis de l’opposition, le Parti des travailleurs (PT) a rejeté l’idée de s’engager dans une coalition, une position également adoptée par le Front des forces socialistes (FFS), qui s’est engagé à rester indépendant.
Les autres partis, notamment ceux apparus récemment, pourraient être inclus dans le nouveau gouvernement. Beaucoup d’analystes estiment cependant que le Président Abdelaziz Bouteflika pourrait nommer un gouvernement de technocrates, sans impliquer les partis politiques.
Mais le chef de l’Etat ne semble montrer aucune hâte à nommer un nouveau gouvernement.
Les observateurs expliquent cette position par des raisons pratiques. En effet, les préparatifs des célébrations du cinquantième anniversaire de l’indépendance, qui se poursuivront pendant toute l’année, semblent être prioritaires.
De plus, le Ramadan débutera peu de temps après les deux semaines de congé du cabinet, et il est coutumier pour le Président de convoquer chaque ministre et d’évaluer le travail des différents ministères durant ce mois.
Viendront ensuite les élections municipales prévues en octobre et, plus important encore, la modification de la constitution. Les analystes confirment donc, aux vues de tous ces facteurs, qu’il y aura un grand retard dans la formation d’un nouveau gouvernement.