Les algériens après l’annonce du nouveau gouvernement,Pas de quoi pavoiser!

Les algériens après l’annonce du nouveau gouvernement,Pas de quoi pavoiser!

P120906-13.jpgLa rue indifférente au changement

Le pays évolue dans un cercle avec une noria politique qui reconduit les mêmes ministres, les vide et recommence…

Maigre moisson après cinq mois d’attente. A l’annonce de la nouvelle équipe gouvernementale, la rue était loin de jubiler tant les incohérences marquaient le nouvel Exécutif.

La majorité de la classe politique a estimé que c’était un non-événement et les observateurs s’interrogent encore sur certains choix qu’ils ont jugé peu judicieux même s’ils admettent que les ministères régaliens sont une prérogative du chef de l’Etat.

Les départements stratégiques sont restés entre les mains des anciens. Le ministère de l’Intérieur a toujours à sa tête Dahou Ould Kablia, la diplomatie sera toujours guidée par Mourad Medelci, à l’énergie c’est Youcef Yousfi et Karim Djoudi aux Finances.

Le ministère de la Justice quant à lui connaît une revenant puisque Mohamed Charfi a déjà fait partie de l’Exécutif de l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis du 4 juin 2002 au 5 mai 2003.

Les seuls faits saillants ont été le départ de l’indéboulonnable Boubekeur Benbouzid, qui quitte l’éducation après 19 ans de régne.

On s’attendait à un véritable changement à même de créer un déclic en cette période d’hibernation, des figures nouvelles à des postes clefs et à des départs de ministres qui ont pourtant largement failli à leur mission, mais rien de tout cela.

Les observateurs s’interrogeant toujours sur les critères de nomination.

De compétences, d’obligation de résultats? Prenons l’exemple du secteur du commerce. Mustapha Benbada a été très décrié durant le mois du Ramadhan tant il n’a pas su gérer correctement cette période. Avec d’incroyables flambées de prix, le marché lui a échappé totalement livrant le citoyen aux griffes des spéculateurs.

Pourtant, il a été reconduit. Saura-t-il gérer le prochain Ramadhan ou alors ressassera-t-il les mêmes arguments que ceux de cette année? Moussa Benhamadi ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, pourtant désavoué en direct à la télévision par le président de la République lors de sa visite à l’ouest du pays, demeure à son poste.

Le lancement de la 3G tant promise tarde à voir le jour en Algérie alors que nos voisins marocains et tunisiens se lancent déjà dans la 4G.

L’accès à Internet demeure toujours un luxe et le dé… clic n’a pas eu lieu dans les nouvelles technologies, un secteur pourtant créateur de richesses.

Où est donc l’obligation de résultats? Où est le réel changement tant promis? L’Algérie manque-t-elle à ce point de technocrates, de compétences? Sur un autre plan, on s’interroge sur des départs inexpliqués de ministres comme Hachemi Djiar.

Enarque, expérimenté et homme de sérail, le départ de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports reste, pour de nombreux observateurs, une énigme.

La présence de quelques nouvelle figures dans cet Exécutif va-t-elle insuffler une nouvelle dynamique à ce gouvernement? Pas si sûr répond l’opposition qui, dans sa majorité, a refusé de siéger au sein d’une équipe sans aucune marge de manoeuvre.

Née au forceps, l’annonce de cette équipe a discrédité les organes de communication officiels de l’Etat, comme l’Entv, la radio et l’APS.

Pourquoi museler à ce point ces médias au point de les ridiculiser auprès de leurs confrères privés? La diffusion des noms de ministres sur les sites Internet et les télévisions privées, avant l’annonce officielle dans la soirée d’avant-hier, était l’oeuvre de parties au sein même du pouvoir.

L’équilibre est-il toujours aussi fragile entre les décideurs de ce pays au point de se livrer à ce jeu qui discrédite la République? Le pays évolue dans un cercle avec une noria politique qui reconduit les mêmes ministres, les vide et recommence…